Dès la première minute, Paolo Maldini, capitaine éternel du Milan, propulse une volée sur un Pirlo venu d’ailleurs, mettant Liverpool à genoux avant même qu’ils n’aient eu le temps de cligner des yeux. Surenchère avec un doublé d’Hernán Crespo avant la pause, et on se dit que la finale de la Ligue des champions 2005 à Istanbul allait être une promenade de santé pour les Rossoneri. Notons au passage : 3-0 à la mi-temps, le score parfait pour un naufrage anglais en pleine guerre des étoiles footballistiques.
Cependant, à la reprise, les Reds remontent leur short, changent de stratégie, et profitent d’un Milan trop sûr de lui et peut-être également amoindri par la chaleur turque. Gerrard le capitaine ouvre les hostilités. Vladimír Šmicer, entré en jeu, s’invite au festival en inscrivant un but lointain qui fait vibrer le cœur des supporters. Puis Xabi Alonso – décidément maître du timing – convertit un penalty après un contact plus que litigieux. Six minutes, trois buts, et un tout nouveau scénario qui force l’admiration, voire la stupeur, pour cette RDV devenu instantanément mythique.
La prolongation, théâtre d’une bataille acharnée, ne parvient pas à départager les deux colosses. Direction les tirs au but, concours de nerfs où la tension rivalise avec la chaleur et le suspense. Jerzy Dudek, héros improbable à « jambes en spaghetti », repousse un penalty décisif d’Andriy Shevchenko, offrant à Liverpool son cinquième sacre européen. Échec pour Milan, qui perd ce qui aurait dû être un triomphe sans discussion. Istanbul restera à jamais synonyme de leçon d’humilité et de résilience pour les Italiens, de revanche irlandaise pour les Anglais, et du come-back le plus dingue du football moderne.
Finalement, cette finale démontre que dans la vie, rien n’est jamais joué avant le dernier coup de sifflet, surtout quand Liverpool s’en mêle. Trois buts d’avance, six minutes pour tout perdre, et une épopée à raconter aux générations futures. Istanbul marque l’histoire, mais surtout la mémoire des joueurs qui ont cru au miracle, ou qui ont vu leur conte de fées partir en fumée sous les milles feux turcs.