Au milieu du vacarme de l’Adidas Arena, le 25 juin, Vassilis Spanoulis s’était presque retrouvé démuni. Entre blessures, suspension et joueurs écartés, le cerveau grec de l’AS Monaco avait dû réduire à l’extrême sa rotation (sept joueurs) au bout de la finale perdue contre Paris (2-3). Un comble pour le club du Rocher qui fracasse chaque saison, tel un métronome, le record du plus gros budget jamais enregistré dans le Championnat. Alors, au moment de remodeler l’effectif en Principauté, Spanoulis a changé de braquet. Il fallait du volume, et vite.
Sur le parquet installé à Roland-Garros, Monaco a étrenné trois de ses principales recrues. En tête de proue, Nikola Mirotic (2,08 m, 34 ans), ancien MVP de l’Euroligue et poste 4 shooteur attendu, n’a pas perdu son sens de la formule : « Deux MVP de l’Euroligue dans la même équipe, à ce stade de notre carrière, c’est génial », se réjouissait cet été l’ancien champion d’Europe espagnol, ravi d’évoluer avec Mike James dans un cinq majeur clinquant. Nemanja Nedovic (1,92 m, 34 ans), sniper serbe, et Kevarrius Hayes (2,06 m, 28 ans) viennent ajouter des solutions, pendant que Yoan Makoundou reste indisponible, blessé. Guillaume Vizade, entraîneur du Mans, n’a pas fait dans la dentelle après la Supercoupe : « L’écart s’est peut-être creusé entre eux et les autres équipes du Championnat », résumé après un score sans appel (104-79).
Le ton entre ostentation et prudence est posé par les principaux intéressés. Mike James, de retour après une fin de saison tourmentée entre blessure et suspension, le dit sans fioritures : « Sur le papier, on couvre tous les secteurs. Il faut qu’on crée de l’alchimie et qu’on évite les blessures, ça déterminera comment cette équipe sera jugée. » Matthew Strazel renchérit : « Je pense que c’est l’équipe la plus dense qu’on ait jamais eue. Reste à voir si ce sera la plus forte, mais on a un effectif de 15 joueurs capables de jouer à très haut niveau. » Prudence et ambition se partagent le même communiqué. Pendant ce temps, onze joueurs étaient déjà là la saison passée, mais l’effectif continue de bouger : Donatas Motiejunas (2,13 m, 35 ans) cherche une porte de sortie et Nick Calathes (1,98 m, 36 ans) est décrit comme l’ombre de lui‑même l’an dernier. Jordan Loyd, lui, est parti pour l’Efes Istanbul ; Spanoulis a résumé la transaction sans suspense sentimental : « C’était pour l’alchimie de l’équipe. Il voulait un rôle plus important et je respecte cela. »
Côté recrues potentielles, Monaco a un accord de principe avec Chimezie Metu (2,08 m, 28 ans), intérieur nigérian passé par la NBA et très en vue avec le Barça avant sa grave blessure (rupture d’un tendon d’Achille). Son retour est attendu pour l’hiver et, si tout se passe comme sur le papier, il pourrait représenter le dernier joyau de la bijouterie monégasque. En attendant, les gros chèques ont fabriqué une belle vitrine. L’alchimie et la santé, elles, restent à produire sur le terrain.