On pourrait écrire un roman-feuilleton avec les titres qui ont suivi Serena Williams ces dernières années. Toujours la même saga : un retour triomphal, une blessure qui joue les trouble-fêtes, une annonce floue, puis la confirmation solennelle dans Vogue. La championne a enchaîné victoires nettes (6-3, 6-3 à Danka Kovinic ; 6-3, 6-4 contre Nuria Parrizas-Diaz) et revers cuisants (défaites serrées contre Harmony Tan 7-5, 1-6, 7-6 et contre Elena Rybakina 6-3, 7-5). Succession de moments forts : un quart gagné face à Simona Halep (6-3, 6-3) puis une demi dominée émotionnellement après sa défaite contre Naomi Osaka à l’Open d’Australie. Résultat : le public est fatigué mais l’actualité continue d’empiler les angles.
Sur les terrains, la certitude n’est jamais durable. Abandon à Wimbledon après une blessure à la jambe droite ; un retour en double à Eastbourne victorieux avec Ons Jabeur (2-6, 6-3, 13-11) ; une finale d’US Open perdue face à Bianca Andreescu (6-3, 7-5) et un match mémorable contre Maria Sharapova balayée 6-1, 6-1 — moments de grâce ponctués d’incertitudes physiques. Serena a aussi souffert en dehors du simple pur tennis : critiques publiques, commentaires sur des sanctions trop légères (elle a pointé du doigt la sanction d’Alexander Zverev au micro de CNN), mobilisation pour Peng Shuai et hommages à Simone Biles. Ses larmes après certaines défaites et ses décisions d’éviter certains tournois (forfait à l’US Open une année, retrait à Wimbledon un autre) constituent la bande-son d’une carrière qui refuse la monotonie.
La conclusion annoncée est enfin tombée : Serena Williams a confirmé son départ via un texte publié sur le site de Vogue et a dit vouloir devenir maman pour la deuxième fois. Simple, net, assez spectaculaire pour clore — ou pas — une décennie de spéculations sur sa fin de carrière. Entre temps, sa vie dépasse le court : biopic (La Méthode Williams) au cinéma, rumeurs de participation à un consortium pour racheter Chelsea aux côtés de Lewis Hamilton, et prises de parole publiques qui en font une figure toujours présente. Le fil rouge ? Une longévité sportive scandaleuse qui tourne parfois au soap médiatique, mais dont chaque score et chaque annonce restent des faits que personne ne peut effacer.
Au final, l’histoire de Serena ressemble à un trompe-l’œil : elle part, puis elle reste dans les gros titres. On rappellera seulement ce qui s’est passé — victoires, défaites, annonces sur Vogue, désirs de maternité, soutiens publics et blessures documentées — et on laissera les rumeurs à ceux qui vendent des théories. Les faits persistent. Le battage médiatique aussi. Et Serena ? Elle partira quand elle le décidera, pas quand la une du jour l’exigera.