Corentin Moutet vient d’atteindre le sommet… de sa hiérarchie personnelle en tout cas : 37e mondial. Le natif de Neuilly-sur-Seine, 26 ans, a enchaîné deux victoires en Coupe Davis lors de sa première sélection et une demi-finale à Hangzhou. Mardi, il a confirmé la bonne forme en se qualifiant pour les huitièmes de l’ATP 500 de Pékin. Court, net, sans flatterie inutile.
Sur le court, le scénario avait quelques airs de revanche personnelle. Tallon Griekspoor (31e) restait sur trois victoires consécutives face à Moutet, dont une finale sur gazon à Majorque en juin. Le Francilien a mis fin à la série en 1h48 : 6-4, 7-5. Résultat chiffré utile à retenir, parce que tout le reste vient après les chiffres : Moutet n’a jamais perdu son service et a sauvé sept balles de break sur sept. Les premières alarmes sont apparues à 2-3 dans le premier set, puis encore trois à 3-4. Griekspoor a joué les pompiers volontaires sans jamais trouver la lance, et Moutet a converti sa première opportunité pour breaker, puis fermé la manche à 5-4 sur sa première balle de set. Frappe chirurgicale, respiration contrôlée, et pas une goutte de panique.
La deuxième manche a pris la tournure d’un roman bref et nerveux. Jusqu’à 5-5, les jeux ont filé sans cadeau. Ensuite, Moutet a enchaîné huit points d’affilée, dont un retour gagnant qui lui a arraché un cri — apparemment utile pour ventiler la tension. Griekspoor, frustré, a explosé sa raquette à deux reprises ; geste théâtral, geste contre-productif : il a malgré tout obtenu trois balles pour égaliser à 6-6. Illusion fugace. Moutet a gardé les nerfs et a conclu la partie sans tiebreak. À noter aussi : l’an passé il était sorti en qualifications à Pékin, cette fois il ira en huitièmes. Il y retrouvera soit Alexander Zverev (3e), soit Lorenzo Sonego (44e), selon le tirage et l’humeur du destin.
Reste la vue d’ensemble : quatre Français qualifiés le même jour à Pékin — Moutet, Arthur Rinderknech, Arthur Cazaux et Adrian Mannarino — preuve que la délégation hexagonale ne vient pas faire de la figuration. Élan récent, confiance accumulée et des chiffres qui chantent mieux que les incantations des analystes. Conclusion ? On applaudera la série de Moutet sans en faire un prophète. Le joueur gagne en efficacité et en sang-froid, et devra maintenant le prouver face à un plateau nettement plus costaud. Espoirs mesurés, impatience cynique : à ce niveau, les résultats restent l’unique langue compréhensible.