Medhi Benatia, nostalgique bien placé après avoir passé une bonne partie de sa carrière en Italie (Udinese, AS Rome, Juventus), a mis les pieds dans le plat dans une une du Corriere dello sport. Sans ménagement, il s’est inquiété de « l’absence de talents » en Italie. Il a pris soin de nommer l’ancienne garde d’honneur — Totti, Pirlo, Del Piero, Nesta, Maldini, Vieri, Cassano, Montella — puis d’interroger le vide : « où sont-ils maintenant ? ». Le ton est clair : pour lui la Nazionale n’inspire plus. Et il ne s’est pas contenté de regretter le passé. Il a asséné une comparaison choc, jugeant que « la France peut constituer au moins 4 équipes nationales qui seraient meilleures que l’Italie ». Une pique courte, saisissante, et surtout parfaitement tournée selon ses mots.
Du côté de Marseille, Benatia a aussi levé le voile sur l’interminable saga d’entraîneurs qui a occupé l’été. Selon lui, « Tout était fait, on avait un accord » avec Paulo Fonseca. La défaite à Bergame (0-3, demi-finales retour de Ligue Europa, mai 2024) marque ensuite un tournant : Fonseca a appelé pour dire que « rien n’allait se faire », et le 13 juin il était entraîneur du Milan. L’OM a alors regardé ailleurs, évoquant Sergio Conceiçao, avant de finalement opter pour Roberto De Zerbi. Benatia rapporte même la petite touche de romantisme commode : avec le président Pablo Longoria, la décision a été « Allez, on tente ». Le propriétaire Frank McCourt aurait poussé le dossier. C’est limpide, sans fioritures : un accord perdu, des plans B, puis un pari porté par la direction.
Enfin, le dirigeable mercato n’a pas oublié Manu Koné. Benatia confirme un intérêt marseillais, rapidement freiné par les « paramètres économiques » qui étaient « trop élevés pour nous ». Le milieu français a rejoint l’AS Roma à la fin du mercato 2024. Le récit est bref, factuel : Koné est parti à Rome, et « s’est depuis affirmé comme un cadre des Giallorossi, s’affirmant en parallèle avec les Bleus ». Pas de lyrisme, juste la trajectoire : d’une cible olympienne à un statut clé à Rome. L’enchaînement tient la route. Il relie les jugements élitistes sur les centres de formation italiens à des décisions concrètes prises par un club européen majeur.
La mise au point de Benatia est d’ailleurs une combinaison de regrets et de bottes secrètes de marché. Il démontre que les débats sur la qualité des championnats peuvent se traduire en signatures manquées et itinéraires de joueurs. On sent la lassitude sous-jacente : nostalgie des noms qui faisaient l’Italie invincible, puis constat d’érosion et, pour tout dire, un coup de griffe assené à la Nazionale. La France, elle, apparaît comme la réserve inépuisable capable de faire pâlir les héritiers de Maldini. Reste à savoir si ces constats provoqueront plus que des conversations de comptoir dans les cafés transalpins.