Ils étaient venus pour la revanche, bottes prêtes et drapeaux au garde‑corps : la Team USA rêvait de laver l’affront de Rome (16,5-11,5) et de reprendre la Ryder Cup à des Européens qui, la saison passée, avaient eu l’assurance de qui sait bien quoi. Accueil froid à Bethpage Black. Avant même que les Fourballs ne commencent, Luke Donald et ses joueurs avaient déjà réussi ce qu’on n’avait plus vu à l’extérieur depuis 2004 : mener après la première session. Voilà qui change l’agenda des Américains, capitaines Keegan Bradley en tête, et oblige chacun à faire très vite ce que l’on n’aime jamais faire sous pression — réfléchir à voix haute en public.
La séance de Foursomes s’est transformée en une leçon collective d’efficacité européenne. Hatton et Rahm ont pris le premier coup d’épée face à DeChambeau et Thomas. McIlroy et Fleetwood ont enchaîné en concassant Morikawa et English. Aberg et Fitzpatrick ont achevé de noircir le tableau contre Scheffler et Henley. Schauffele et Cantlay ont finalement évité le blanchissage, sauvant l’honneur en s’imposant face à Hovland et McIntyre — moment apprécié par une tribune très spéciale, où Donald Trump venait de prendre place. Résultat net au terme de la première session : 3-1 pour l’Europe. Les Américains, qui s’étaient fixés comme unique objectif la revanche après Rome, se retrouvent dos au mur. S’il fallait un symbole, le voilà : sans la victoire de Schauffele/Cantlay, le score aurait été un propre et sec 4-0.
Rien d’inventé ici, seulement des faits posés comme des pierres : l’Europe mène, l’Amérique grimace. Luke Donald a réussi à remettre ses troupes en ordre dès le départ ; Keegan Bradley voit ses hommes commencer à courir après un retard qui pourrait peser lourd sur un parcours déjà impitoyable. Le décor est planté pour les Fourballs : les locaux doivent passer de la réaction défensive à l’offensive, et vite. Pour l’instant, le récit ressemble à un classique où les favoris locaux se font cueillir au réveil. Reste à voir si la suite sera une remontée spectaculaire ou un très classique naufrage domestique sur gazon long.
La leçon du jour tient en une statistique simple et méchante : depuis 2004, l’Europe n’avait plus commencé ainsi à l’extérieur. Le reste n’est que suspense et gesticulations à venir. Les billets pour Bethpage restent valables, et la famille Trump a trouvé un siège confortable ; pour les Américains, l’addition, elle, pourrait vite devenir inconfortable. On attend la suite, sans grande surprise mais avec une curiosité qui se cache mal : qui osera transformer cette amertume matinale en un festival de revanche ? Ou bien restera‑t‑il au rang des classiques ratés de rentrée.