Twickenham a servi de théâtre à une fin de tournoi que le XV de France féminin aura parcourue sur des talons. Annoncé dès l’ouverture comme une défaite 42-26 contre la Nouvelle‑Zélande, le résumé du match déroule pourtant un autre compte rendu chiffré, aboutissant à 39-26 à la sirène — détail savoureux pour ceux qui aiment que la comptabilité soit aussi fluide que le jeu français ce samedi. Pour la deuxième fois après 2010, les Bleues se contentent de la quatrième place. Elles visaient le bronze pour la huitième fois en dix éditions et se heurtent à des Black Ferns décidément peu disposées à rendre les trophées.
Le match a commencé bien, vite et proprement pour la France : Pauline Bourdon‑Sansus a marqué le premier essai à la 10e minute sur une action collective. La suite a pris une tournure moins clémente. Ruahei Demant a nivelé à la 15e, Sylvia Brunt a donné l’avantage à la 33e, puis Renee Holmes a déroulé avant la pause en inscrivant un essai autour de la 38e et en transformant nombre de tentatives. Résultat à la mi‑temps : 26-7, selon le reportage. Le deuxième acte n’a pas arrangé les affaires françaises. Braxton Sorensen‑McGee, meilleure marqueuse d’essais de la Coupe du Monde, a filé à la 46e puis a doublé la mise un peu plus tard pour alourdir l’addition. Holmes a ajouté une pénalité pour ponctuer son influence et a logiquement été élue joueuse du match. On notera aussi une décision arbitrale qui a refusé un essai à Annaëlle Deshaye, pendant que l’adversaire continuait à empiler les preuves de supériorité.
La fin de match a donné un peu d’espoir, puisqu’un sursaut français a permis trois essais dans les vingt dernières minutes : Léa Champon a débloqué le compteur, Gabrielle Vernier a suivi et Émilie Boulard a conclu à la 72e, malgré la présence d’une Néo‑Zélandaise dans l’en‑but. Trop tard pour renverser la vapeur. Marine Ménager et Manon Bigot ont disputé leur dernier match international, tandis que les Black Ferns, doubles championnes du monde, repartent avec le bronze — et sans beaucoup de sueur en fin de partie. Les chiffres du match et la chorégraphie des essais disent l’essentiel : supériorité structurée des Néo‑Zélandaises, manque de finition française dans les moments clés, et une efficacité au pied chez Holmes qui a fait gagner des mètres et des points.
En guise de bilan, aucune illusion inutile. Les Bleues quittent l’Angleterre avec la consigne intime de transformer les occasions en gestes décisifs plus tôt. Le rendez‑vous est pris dans quatre ans en Australie. En attendant, on gardera en mémoire les plaquages manqués sur les trajectoires décisives, les largesses dans l’ultime passe et la facturation des essais par une adversaire implacable. Satire ou pas, le tableau est simple : progressions à consolider, mais pas encore le coffre pour aller chercher l’or.