Brillant de modestie, Rory McIlroy a concisément résumé l’après‑victoire : « C’est agréable d’avoir raison. Je n’ai pas toujours raison. » Traduction pour les sceptiques : il l’avait cru, il l’a dit il y a deux ans, et apparemment le destin a trouvé ça divertissant. Le décor n’est pas anecdotique. En gagnant à Rome, l’équipe a remis en marche une mécanique rodée : onze des douze membres étaient les mêmes, le capitaine aussi — Luke Donald — et l’idée de continuité n’était pas qu’un mot dans un communiqué officiel.
Sur le terrain, les éléments factuels étaient simples et bruyants. Shane Lowry a bouclé ses quatre derniers trous avec deux birdies et deux pars pour revenir de deux down — la définition même d’un finish qui fait taire les commentateurs trop pressés. McIlroy, qui se dit « à bout de forces », admet avoir « donné tout ce que j’avais les deux premiers jours » et s’être accroché en duel contre Scottie, dans une « bataille d’oreillers ». Il a sauvé un putt au 15 et a essayé de « rester dans [sa] petite bulle ». Thomas Björn, vice‑capitaine, a carburé au micro‑management moral : « Encore sept trous, encore six trous… » Répétitif, mais manifestement efficace. L’ensemble a suffi à transformer une fin serrée en victoire collective, destinée à faire oublier quinze ans d’attente depuis Medinah 2012, selon le partage d’analyse qui circule dans les coulisses.
Moquerie réservée aux tribunes : McIlroy n’a pas emballé ses griefs dans du papier cadeau. Les insultes entendues durant le week‑end l’ont contrarié. Il a rappelé que « ce sport devrait être soumis à des normes plus strictes » et que le golf « enseigne l’étiquette ». L’ironie est mordante : un sport qui prêche le respect se retrouve parfois face à des hurlements qui ne ressemblent pas vraiment à du soutien. McIlroy précise qu’il « n’a pas entendu beaucoup d’encouragements pour Scottie » et que, personnellement, il « a répondu quelques fois parce que ça [l’]a énervé ». Il promet de le dire aux supporters irlandais en 2027 : venez soutenir, mais pas en lançant des pratiques contraires à l’étiquette. En attendant, la stratégie adoptée a été double — jouer son golf et « gérer tout ce qui nous est arrivé avec classe et sang‑froid » — et, de l’avis du principal intéressé, ça a marché.
Ultime motif d’ironie pour les puristes : la confiance affichée n’était pas du bluff. McIlroy loue la « confiance absolue » en l’équipe, « en notre leader, Luke Donald », et remercie le staff et les vice‑capitaines pour leur rôle discret mais déterminant. C’est un joli bouquet de platitudes tenues par la réalité des chiffres et des coups finis. Reste l’impression que, parfois, la victoire ne sert pas qu’à remplir des pages de résultats. Elle permet aussi de fermer quelques bouches. Et si McIlroy se réjouit d’avoir eu raison, il refuse de s’installer dans le triomphalisme : la bête reste exigeante, la prochaine échéance est déjà dans toutes les têtes, et les leçons de Rome seront pendues au tableau d’entraînement pour ceux qui aiment apprendre.