La Fédération française de tennis a décidé qu’en 2026, on remettrait les juges de ligne au cœur du spectacle. Dans un communiqué lapidaire, la FFT défend « l’excellence de l’arbitrage français, reconnue à travers le monde entier, et qui apporte entière satisfaction à l’organisation du tournoi ». Chiffres à l’appui : lors de l’édition 2025, 404 officiels officiaient autour des courts, dont 284 Français. Voilà qui provoque moins de débats que le choix de la couleur des balles, mais suscite au moins autant de fierté nationale.
Les organisateurs justifient le maintien des arbitres à la main par une raison technique : sur terre battue, l’arbitrage électronique ne serait pas encore assez performant pour supplanter l’œil humain. Le calendrier du prochain tournoi est déjà posé (18 mai-7 juin 2026) et Roland-Garros se pose donc en singularité assumée. Singularité, vraiment : l’Open d’Australie et l’US Open ont basculé vers l’arbitrage électronique dès 2021, Wimbledon a suivi en 2025. Le tournoi parisien est aujourd’hui le seul Grand Chelem à conserver ses juges de ligne, comme si la tradition pesait plus lourd que la tendance technologique mondiale.
Les chiffres racontent une histoire simple et un peu cocasse. Sur les 404 officiels présents en 2025, 284 sont Français — soit un peu plus de 70 % du total —, ce qui explique sans surprise que la FFT parle d’« excellence » avec tant d’assurance. Pendant que l’ATP a purement et simplement retiré les juges de ligne du circuit principal masculin depuis le 1er janvier, Roland-Garros garde le cap sur l’humain. Logistique et habitude pèsent sans doute lourd, tout comme une volonté manifeste de préserver un emploi et une image d’arbitrage à la française. Reste que la partie est loin d’être neutre : maintenir des juges de ligne quand les autres levées majeures ont choisi le robot revient à jouer un set en solo contre un adversaire qui a déjà modernisé son service.
Conclusion détendue mais pas naïve : ce choix dit autant de Roland-Garros que de la confiance française dans ses officiels. Il dit aussi que le dialogue entre tradition et innovation est encore ouvert, et qu’on peut être champion du monde des certitudes et continuer d’aimer le goût du vieux café. Le tournoi fera son spectacle, on applaudira les décisions humaines et on surveillera, de près, les décisions technologiques des années à venir.