Dimanche soir, Jean Dauger va trembler un peu plus qu’à l’habitude. Le Stade toulousain vient en prime time, avec ses meilleurs éléments, pour la première fois depuis près de cinq ans hors période de doublons. À entendre certains, il s’agit d’un événement historique ; pour les autres, c’est juste le même match, avec plus de projecteurs, des drones et un soupçon de napalm pyrotechnique.
La dernière venue « complète » de Toulouse au Pays basque datait de décembre 2020. Résultat de l’époque : 20-24 pour Toulouse, dans un Jean Dauger vide à cause des restrictions sanitaires. Depuis, les rencontres entre Bayonne et Toulouse ont souvent eu lieu en doublons — un motif d’agacement public pour l’encadrement toulousain. Jean Bouilhou n’avait pas mâché ses mots en octobre 2024 : « C’est une équipe qu’on joue tout le temps en doublons, donc c’est assez particulier. Je ne sais pas ce qu’en pensent les autres équipes. » Clément Poitrenaud avait lui souligné que, depuis 2020, les Rouge et Noir n’avaient pas affronté Bayonne à plein effectif et que la situation devenait visible sur le terrain, estimant qu’il fallait réagir. Ugo Mola, de son côté, pourra aligner ses cadres dimanche, ce qui, selon tout le monde, change légèrement la donne — quand on aime les grands noms, on aime aussi les vrais défis.
Le match passe en prime time sur Canal+. Ce n’est pas anecdotique : en juin, quand Toulouse avait déjà joué au complet contre Bayonne en demi-finale à Lyon, la logique sportive avait été respectée (32-25 pour Toulouse). Le président Philippe Tayeb résume la philosophie bayonnaise sans fard : « Mais Toulouse, ça reste avant tout 50 joueurs de très haut niveau, qui joueraient dans tous les clubs de France », ajoute-t-il avant d’espérer que le fait de jouer Toulouse « au complet » évitera les accusations de favoritisme et servira de double motivation à ses joueurs. Tayeb n’oublie pas de défendre la fierté locale : « On a prouvé, aussi, qu’on était capable de rivaliser avec cette grande équipe. »
Côté logistique, pas de révolution. Les chiffres de sécurité sont presque comiques dans leur sérieux : 165 agents contre Toulon, 160 face à Montpellier, 170 pour Toulouse. Une hausse marginale pour un choc que l’on veut faire passer pour une fête. La liste d’ornements est tout de même fournie : lumières roses pour Octobre rose, une « petite partie pyrotechnique » avec fumée à la sortie du tunnel, et, grâce au dispositif premium de Canal+, un drone viendra titiller les caméras habituelles.
La billetterie n’a pas fait dans la dentelle non plus. Ouverte le vendredi 26 à 15h, tout était parti deux heures plus tard, raconte Laëtitia Bernal. Sur quelque 800 places dédiées aux visiteurs, le Stade toulousain en a acheté 514 ; le reste s’est volatilisé en quelques minutes. Pour parfaire le spectacle, les joueurs seront accueillis par les supporters à 19h30 à l’entrée sud — initiative voulue pour « faire de belles images », selon Camille Bonnome, au risque d’installer un peu plus la mise en scène autour du match.
La recette est connue : prenez une équipe qui attire, ajoutez des caméras supplémentaires, vaporisez un peu de fumée et vendez les billets aux heures. Le rugby peut respirer le sport, il adore parfois la mise en scène. Dimanche, Jean Dauger promet du spectacle — et, si tout va bien, un match qui ressemblera enfin à ce qu’on attendait depuis 2020. Après cela, on repartira probablement vers les mêmes rengaines, mais au moins il y aura de jolis plans au ralenti pour accompagner les complaints.