Sept titres et une entrée en scène façon cascadeur blessé : Marc Marquez a choisi un timing pour le moins ironique. Le voilà couronné septuple champion du monde en catégorie-reine, puis évacué après une chute spectaculaire au premier tour du GP d’Indonésie. Le vainqueur de la manche s’appelle Fermin Aldeguer, jeune compatriote, tandis que Marquez a posté sur Instagram un selfie torse nu, le bras droit immobilisé par un « énorme bandage ». « Ce n’est pas la meilleure manière de célébrer le titre, mais c’est la course », écrit-il, et ajoute qu’il s’envole vers Madrid pour des examens médicaux qui devraient confirmer ou infirmer la fracture de la clavicule suspectée.
Les faits restent simples et peu flatteurs pour la mécanique humaine : Marquez, pilote Ducati, a déjà connu de multiples interventions — épaule droite opérée en 2019, épaule gauche en 2018, bras droit en 2022 — et la fiche médicale commence à ressembler à un roman noir. La chute est imputée à un accrochage de roue arrière entre sa moto et celle de Marco Bezzecchi. L’Italien, lui aussi, a connu la sortie de piste : finissant dans le gravier après un salto. Marquez, en bon chef de file, balaie toute envie de houle : « S’il vous plaît, n’en voulez pas à Marco Bezzecchi, personne ne fait ça exprès », conclut-il, remerciant les soutiens au passage. La scène est à la fois dramatique et étrangement pédagogique : dans ce sport, la célébration et la douleur tiennent parfois le même programme.
On notera l’élégance du message public : pas d’invectives, pas de procès d’intention, juste une photo à moitié digne et une demande de clémence pour le pilote adverse. Les prochains jours diront si la clavicule est coupable ou non, et si Madrid rendra un diagnostic concordant avec le pessimisme latent des images. Le GP revient à Aldeguer, mais la une appartient provisoirement à Marquez et à cette cicatrice potentielle qui s’ajoute à un palmarès déjà chargé. Le spectacle continue, la vulnérabilité aussi.
Au final, la légende progresse en dents de scie. Le septuple champion a pris un titre et un bandage le même week-end. Le public applaudira Aldeguer et enverra des messages de soutien à Marquez, qui fait preuve d’une étonnante retenue dans ses mots. Reste la mécanique et la science : Madrid et ses médecins auront le dernier mot. Pour l’instant, la seule certitude est que la célébration se porte mieux sur le podium que sur une civière.










































