Mandat d’arrêt pour la fête : Marco Bezzechi, intouchable toute la fin de semaine — pole et victoire en sprint — a réussi l’exploit rarissime de transformer la domination en désastre dès le départ de la course. Parti mal, il touchait la roue arrière de la Ducati de Marc Marquez alors qu’il occupait la sixième place, et entraînait le champion du monde dans une chute à haute vitesse. Groggy, Marquez s’est immédiatement palpé l’épaule droite avant d’être conduit au centre médical. Trente minutes plus tard, le pilote réapparaissait au box, le bras droit en écharpe. Les premières indications sur place indiquent un rapatriement rapide vers l’Espagne pour examens complémentaires, afin de déterminer s’il s’agit d’une fracture ou d’une rupture des ligaments — la seconde option signifierait la fin de saison.
L’absence prématurée des deux hommes forts a donné des mètres de piste aux autres prétendants. Pedro Acosta menait la course jusqu’au septième tour, quand Fermin Aldeguer, sur la machine italienne du team Gresini, lui a pris la place. Bagnaia n’a pas profité du chaos général : au neuvième tour, le pilote officiel Ducati perdait l’avant alors qu’il végètait en seizième et dernière position, roulant à un rythme très lent avant sa chute. Aldeguer, 20 ans, s’est offert sa première victoire en MotoGP après des podiums au Mans et en Autriche; il devient le deuxième plus jeune vainqueur de la catégorie reine, derrière Marc Marquez. La bagarre pour les autres places sur le podium a été serrée. Pedro Acosta a finalement résisté à la meute pour compléter le deuxième rang, Alex Marquez — coéquipier d’Aldeguer chez Gresini — prenant la troisième marche.
Les faits d’armes des Français sont à lire sans paillettes. Fabio Quartararo termine septième, Johann Zarco douzième. Quartararo a résumé la journée sans blague : « Avec la vitesse qu’on a en ligne droite, c’est compliqué, résumait Quartararo. J’ai fait mon maximum, d’autant qu’on avait fait un choix avec le pneu soft qui était difficile à gérer. On termine pas très loin du deuxième donc après un week-end aussi compliqué, on ne pouvait pas espérer mieux. » Signalons aussi la continuité du calvaire pour le team officiel Ducati, dont la course s’est terminée prématurément avec Bagnaia.
Bilan minimaliste mais net : Mandalika a rendu son verdict en quelques tours. D’un côté, une révélation — jeune, italienne, sur une Gresini qui n’avait pas encore goûté à cette félicité en MotoGP — qui gratte son premier drapeau à damier. De l’autre, un champion ramené au box le bras en écharpe et la possibilité — non négligeable — d’une fin de saison forcée. Le spectacle, parfois cruel, n’a pas manqué de piquant. On se contentera donc d’attendre les examens médicaux et le communiqué officiel. En attendant, la saison gagne en imprévisibilité, au prix de quelques gamelles et d’un podium célébré comme il se doit.










































