Il tournait autour depuis un moment et voilà : Giovanni Mpetshi Perricard a décroché sa première victoire contre un top‑10. C’était ce dimanche, troisième tour du Masters 1000 de Shanghai : 6-4, 7-5 face au n°4 mondial Taylor Fritz. Le Français, 22 ans et 37e à l’ATP, s’offre en prime sa première entrée en huitièmes d’un tournoi de cette catégorie. Holger Rune, 11e, l’attend au prochain tour après avoir éliminé Ugo Humbert un peu plus tôt dans la journée. Remarquable pour qui aime les progressions linéaires. Ou pour qui applaudissait déjà les réveils improbables.
Le match n’a pas été un long fleuve tranquille pour le Lyonnais. Au départ, Fritz a pris le dessus au service : deux jeux blancs pour l’Américain et des premiers signes de domination. Progressivement, Mpetshi Perricard a mieux lu le service adverse et a durci ses retours. À 2-2, des fautes répétées en revers de Fritz ont offert trois balles de break au Français, sans conversion immédiate. L’Américain a toutefois puni des montées timides puis s’est engagé plus sur ses deuxièmes balles, jusqu’à ce qu’un bon retour de revers dans ses pieds suivi d’un décalage coup droit permette à Mpetshi Perricard de voler le service à 3-3. La frustration de Fritz ? Un geste clair : il a frappé sa raquette contre le sol. Un classique du genre.
À 5-4, le Lyonnais a failli se faire peur en manquant deux services‑volées pour conclure. Calme et précis à 0‑30, il n’a pas cédé à la panique : il a claqué une deuxième balle à 207 km/h, tenté un troisième service‑volée avec plus de réussite et bouclé le set. La statistique qui pèse : dans la deuxième manche, les serveurs ont pris le dessus jusqu’à 5-5 — aucune balle de break avant ce moment et, sur cinq jeux de retour, Mpetshi Perricard n’avait inscrit qu’un point. L’entraîneur Emmanuel Planque l’a résumé à sa façon : « Il varie plus, il ne fait quasiment que des premières. Par contre, dès qu’on a l’occasion, on met la pression, on pousse vers l’avant. On le fait chier avec les positions, on est présent. » Traduction : on a embêté Fritz suffisamment pour le faire douter.
Les longs échanges ont creusé les organismes. Plusieurs rallyes ont éreinté les deux hommes, dont un de 28 frappes après lequel les deux joueurs se sont retrouvés mains sur les genoux. À 40‑30 en faveur de Fritz, Mpetshi Perricard a asséné un coup droit contre‑pied monstrueux, s’est arraché en défense puis a profité d’une volée trop molle de l’Américain pour conclure par un lob gagnant et offrir la première balle de break du set. Fritz a résisté, mais les conditions très humides de Shanghai et l’allure des échanges l’ont poussé à une double faute. Le Français a alors terminé l’action d’un magnifique revers long de ligne. Au moment de servir pour le match, il n’a pas tremblé : amortie, service‑volée, un ace sur deuxième balle à 202 km/h, puis un ace à 227 km/h sur la première balle de match — son douzième ace du jour.
On peut saluer la performance sans verser dans l’enthousiasme naïf. Première victoire contre un top‑10, première qualification en huitièmes de Masters 1000 : deux cases cochées. Reste que l’adversaire suivant, Holger Rune, n’est pas exactement venu pour la visite guidée. Mpetshi Perricard a prouvé qu’il sait embêter les meilleurs ; il devra maintenant prouver qu’il sait les battre deux fois de suite.









































