Les organisateurs de l’Open d’Australie ont ressorti la boîte à gadgets. Après des matchs diffusés sur YouTube avec des avatars remplaçant des joueurs réels, Craig Tiley et sa bande passent à l’épreuve du bingo marketing: le « point à un million ». Succinct, efficace et bruyant. L’idée? Un mini-tournoi pendant la semaine de qualifications où un seul point peut envoyer quelqu’un au prochain tour — et, pour le gagnant final, décrocher un chèque d’un million de dollars australiens (environ 600 000 euros). Si vous doutiez que le spectacle primerait sur la patience, voilà votre réponse.
Concrètement, le dispositif se compose de 22 professionnels et 10 amateurs, ces derniers sélectionnés sur plusieurs semaines à travers l’Australie. Format: duel en « point à élimination directe », un seul point, le vainqueur passe. Le hasard a aussi son rôle: un « pierre, papier, ciseaux » déterminera qui servira et qui recevra. Testé lors d’une exhibition en 2025, le concept a suffisamment plu aux décideurs pour être étendu. Craig Tiley ne s’est pas contenté d’un communiqué de bonimenteur: « L’Open d’Australie 2025 a établi une nouvelle référence, et en 2026, nous plaçons la barre encore plus haut », a-t-il affirmé. Puis il a enchaîné avec une vision commerciale bien rodée: « Cette dynamique pose un nouveau défi: comment offrir à encore plus de spectateurs une expérience Open d’Australie spectaculaire? La réponse est la semaine d’ouverture, que nous avons portée à un niveau supérieur en termes d’ampleur et d’expérience pour l’Open d’Australie 2026. »
La cerise sur le gâteau marketing s’appelle Carlos Alcaraz. Sauf forfait, le numéro 1 mondial sera la tête d’affiche de l’équipe de pros du point à un million. Craig Tiley l’a annoncé sans détour: « Je peux révéler aujourd’hui que le numéro 1 mondial Carlos Alcaraz sera la tête d’affiche de l’équipe de joueurs professionnels du point à un million », puis a résumé l’essentiel en mode accrocheur: « Une nouvelle initiative palpitante où un point pourrait vous faire gagner 1 million de dollars. » Voilà pour les têtes d’affiche et la fiabilité publicitaire. Et pour ceux qui s’interrogent sur l’éthique du geste, la logique est simple: plus c’est court, plus c’est regardable; plus c’est regardable, plus les caméras ronronnent; plus les caméras ronronnent, plus la caisse enregistreuse s’agite.
Conclusion? Mélancolie et amusement en parts égales. Le tennis cherche de nouveaux publics, donc il invente du sensationnel instantané. Les amateurs obtiennent une passerelle vers les projecteurs, les pros s’offrent un coup de pub avant la vraie compétition, et le public gagne en dramaturgie immédiate. Reste la question morale: vaut-il mieux un million décidé en une poignée de secondes, ou des matches gagnés sur la durée et l’endurance? Les organisateurs ont déjà choisi leur réponse. Pour le reste, le sport s’adapte au spectacle — parfois avec panache, parfois avec la subtilité d’un coup droit dans une vitrine.










































