On se demande parfois si la Formule 1 est une série télé. Cette saison, le feuilleton a choisi de braquer ses projecteurs sur Christian Horner. Limogé en juillet, son départ a été officialisé lundi par Red Bull. Le communiqué remercie « pour son travail exceptionnel » et rappelle les chiffres qui font pâlir les comptes : vingt ans avec l’équipe, huit titres mondiaux des pilotes et six chez les constructeurs. Aucun détail précis n’a été communiqué sur l’accord de séparation. Les médias britanniques, eux, évoquent un chèque de 80 millions de livres (91,65 millions d’euros) pour Horner et rappellent que son contrat courait jusqu’en 2030. On nous signale aussi la possibilité — mentionnée par la presse — d’un retour en F1 dès l’année prochaine.
Les raisons invoquées pour le départ ne sont pas de la fiction. Red Bull pointe du doigt des résultats en piste en berne, une lutte de pouvoir interne et les soubresauts de l’affaire d’accusations de harcèlement sexuel qui avait secoué l’équipe l’an passé. Le ton officiel est tout sauf vindicatif. Red Bull écrit que Horner « quitte Red Bull » et qu’il « restera à jamais un élément important de notre histoire ». Horner, de son côté, s’offre une sortie maîtrisée : il dit avoir été « honoré et privilégié » de diriger l’équipe depuis 2005, se dit « extrêmement fier » des accomplissements et promet de garder les souvenirs. Il adresse ses vœux à « Laurent (Mekies), Max (Verstappen), Yuki (Tsunoda) et à tout Red Bull Technology Group » et confie qu’il attend avec impatience « le premier moteur Red Bull Ford dans le RB22 l’année prochaine ». Toutes ces formules peuvent servir à clore un chapitre, ou à masquer ce qui n’a pas été dit.
La petite musique des coulisses continue, et c’est là que se jouent les détails que le public adore. Red Bull loue les titres et la trajectoire, Horner renvoie l’image d’un capitaine fier de son équipage. Les médias britanniques, quant à eux, fournissent le montant supposé de la rupture contractuelle. Aucun élément nouveau ne permet de trancher entre gratitude sincère et élégante mise à l’écart. Le contrat jusqu’en 2030, le limogeage en juillet et l’officialisation de lundi restent des faits. La rumeur d’un possible retour l’an prochain ajoute un soupçon d’ironie : on dégage un manager, on négocie un accord, et trois saisons plus tard on évoque un come-back.
En attendant, Red Bull remet les guitares à l’abri et compte ses trophées. Les paroles publiques servent à soigner l’image, les chiffres privés circulent dans la presse. Les fans et les commentateurs se partageront les interprétations. Pour l’instant, la pelouse est tondue et la plaque est posée : Christian Horner a quitté Red Bull. Reste à voir si cette plaque portera un nom nouveau, ou si elle se contentera d’annoncer un retour programmé.