La platine est rayée, mais le disque continue de tourner. Arthur Fils, 21 ans et 23e mondial, a choisi Bâle (ATP 500, 20–26 octobre) pour marquer son retour sur le circuit après une série d’absences imposées par le bas du dos. Forfait à l’US Open et au Masters 1000 de Shanghaï, il traîne cette blessure depuis fin mai — une fracture de fatigue dans le bas du dos selon les faits rapportés — et a connu une rechute cet été aux États-Unis après avoir tenté de rejouer à Toronto. Le calendrier annoncé laisse donc moins de place à l’aléa que l’on voudrait croire.
Le CV récent reste paradoxal. Les cinq premiers mois de 2025 avaient un goût de promesse : trois quarts de finale d’affilée en Masters 1000 (Indian Wells, Miami, Monte‑Carlo). La suite a pris la forme d’un stop brutal à Roland‑Garros. Le lendemain d’une victoire accrochée contre Jaume Munar, l’Essonnien s’était retiré du Chelem, justifiant l’abandon par la fracture de fatigue au bas du dos — une blessure qui ne rit pas et qui, manifestement, a persisté malgré le retour précipité tenté en Amérique du Nord. Autre donnée à garder en tête : Fils va perdre les 500 points de son titre de 2024 à Tokyo. On ne parle pas d’un simple caprice de calendrier ; le classement et le bilan de la saison subissent une cure d’amaigrissement forcée.
Inscrire Bâle sur son agenda ressemble donc à une stratégie de survie sportive. Paris (Masters 1000 La Défense Arena, 25 octobre–2 novembre) figure aussi dans les lignes de son programme probable, ce qui colle avec un plan visant à limiter la casse avant la fin d’année. Paul‑Henri Mathieu, son capitaine en Coupe Davis, suivra le come‑back de près. Il devra choisir cinq noms pour le quart de finale France–Belgique le 19 novembre. Les choix de Mathieu seront logiques à scruter : un Arthur Fils juste revenu d’une fracture de fatigue et d’une rechute estivale n’offre pas le même coffre qu’un jeune homme ayant enchaîné les matches.
Reste l’essentiel et l’amer : 2025 s’affiche comme une année frustrante pour le joueur parisien. Les faits parlent d’eux‑mêmes — performances prometteuses au début, blessure importante à Roland‑Garros, tentative de retour à Toronto, rechute, forfaits au US Open et à Shanghaï — et la réponse tient pour l’instant à deux tournois à l’automne. Les inscriptions existent ; les sensations, elles, ne sont pas garanties. Le salut au classement passera par des jambes qui tiennent et un dos qui coopère, deux éléments qui se négocient rarement au bureau des souhaits.
En filigrane, la tension est simple : sauver ce qui peut l’être sans empirer. L’agenda Bâle–Paris et la surveillance attentive de Paul‑Henri Mathieu disent plus qu’un optimisme de façade. Elles disent prudence, précaution et nécessité de résultats rapides si l’on veut limiter la casse provoquée par la perte des 500 points de Tokyo. Reste à voir si la raquette retrouvera la voix de la jeunesse ou si 2025 finira au rayon des occasions manquées.