Le concours du « qui fait le meilleur début de C1 » ressemble pour l’instant à un remake naturel : Bayern Munich et Real Madrid partagent la première place avec six points et une différence de buts de +6. Rageusement simple, la grille de lecture : mêmes points, même +6, et tout le monde applaudit comme si c’était une preuve irréfutable de supériorité. PSG suit de près, aussi à six points, mais avec une petite consolation statistique, +5. Inter Milan, Arsenal et… Qarabağ (!) complètent le peloton des équipes à six unités. Oui, Qarabağ, avec trois consonnes et une réussite immédiate au classement.
Les choses deviennent plus croustillantes quand on regarde le milieu et le bas du tableau. Marseille dort au centre du cortège avec trois points et une différence de +3, positionnée douzième. Monaco, lui, ramasse un seul point et s’accroche à la zone rouge : 30e sur 36, selon le relevé. À l’autre extrémité, le bonnet d’âne va pour l’instant au FK Kaïrat Almaty (Kazakhstan) : zéro point et une différence de -8, autrement dit une feuille de match qui ferait peur à un statisticien peu indulgent. Benfica, l’Athletic Club Bilbao et l’Ajax partagent la même scène indigente, bloqués au point de départ. Les chiffres sont nets, implacables, et suffisamment simples pour nourrir des débats interminables dans les plateaux TV.
Répéter les évidences n’a jamais fait avancer le schmilblick, mais ici elles se laissent servir : trois équipes en tête à six points, réparties autour d’un écart minime de buts, montrent surtout que deux journées, c’est une photo prise au mauvais moment. La différence de buts sert de tiebreak mais transforme aussi des soirées en triomphes et des nuits en cauchemars anecdotiques. Arsenal et Qarabağ à égalité de points ? Les premières pages vont se régaler. Monaco en mauvaise posture ? Les alarmes vont sonner. FK Kaïrat Almaty sans point ? Les commentateurs trouveront des tournures tragiques. Tout cela demeure exact, factuel et drôlement satisfaisant pour ceux qui aiment les contrastes brutaux.
Conclure serait stupide et présomptueux. Restons donc sur l’air connu mais utile : cette campagne est encore longue. Les six points d’aujourd’hui peuvent vite se volatiliser, et les zéros d’hier peuvent se couvrir de fraîcheur. En attendant, savourons la juxtaposition des chiffres et des situations : leaders impeccables, outsiders surprenants, favoris un peu frileux et un Kaïrat qui prend des leçons de réalisme. Bref, un début de Ligue des champions qui respecte son contrat de montagnes russes statistiques — et de bonnes lignes pour les éditoriaux matinaux.