Nouvelle consigne au micro : « 4… 3… 2… 1… tapez ». Habitué à entendre les « à vos marques… prêts… partez », Christophe Lemaître a troqué le sifflet des meetings pour le petit refrain du coach de salle. Privé d’une dernière aventure olympique lors des JO 2024, le sprinteur a pris sa retraite depuis un peu plus d’un an. Sportif aux 20 titres de champion de France et toujours détenteur du record de France du 200 m, il n’a visiblement pas voulu s’éloigner du milieu qu’il connaît. « C’était pour moi une évidence de rester dans le milieu du sport », a-t-il expliqué, sans chichi ni nostalgie factice.
Le reportage de France Télévisions ne s’est pas contenté d’admirer le palmarès. L’ancien fer de lance du sprint tricolore s’est confié sur sa nouvelle vie dans une salle de fitness en Moselle. L’idée n’était pas limpide au départ : « Je ne savais pas encore au début dans quelle filière, dans quel domaine exactement je voulais être. » Il a choisi la formation, direction le CREPS de Nancy, spécialisation remise en forme. Puis il a pris le podium d’un autre genre. Histoire de ne pas trop subir le manque de podium après ses meetings, le toujours détenteur du record de France du 200m s’est tourné vers les podiums du step, ces planches qui servent à réaliser des exercices d’aérobic. La transition paraît naturelle lorsqu’on écoute ses priorités : animer, encadrer, être au contact. « J’ai appris que j’aimais animer. Que j’aimais animer des cours de step, de renfo, de cross-training et être au contact des adhérents », a-t-il lâché, fièrement routinier.
Raccourcir la distance entre une médaille olympique et un cours collectif demande de l’humilité. Les faits restent propres : bronze sur le relais 4×100 m aux JO de Londres (2012), bronze sur le 200 m à Rio (2016), et cette étiquette historique rappelée par les médias — il fut présenté comme le premier athlète blanc à franchir la barre des 10 secondes au 100 m. Pas de regrets affichés pour autant. La routine a changé d’odeur et de décor, pas l’engagement. Il assume sa reconversion et « adore » sa nouvelle vie, selon ses propres mots repris par le reportage. Le spectacle a migré des stades aux salles de fitness ; la ferveur y est différente, mais la voix qui commande le tempo existe toujours.
Dernière image : un champion qui accepte d’abaisser les décibels des projecteurs pour monter le son d’une playlist de cours collectifs. Le chrono s’est arrêté sur la piste, il continue de mesurer l’effort sur un strap de step. Il n’essaie pas de refaire l’histoire. Il la transforme en plan de cours, sans regret apparent. Le suivi est honnête et, pour le moment, suffisant : les podiums ont changé de matériau, pas l’appétit.