Deux entraîneurs, le même credo : ne pas toucher à ce qui gagne. John Mitchell aligne les 23 qui ont sorti la France (35-17) à Bristol. Kévin Rouet fait exactement de même après la démonstration contre les Néo-Zélandaises (34-19). Les feuilles de match ont donc le charme discret d’une photocopie : samedi à 17 heures, à l’Allianz Stadium, l’affiche sera composée des mêmes visages qui ont triomphé en demi‑finales. L’horaire est posé, et la stabilité aussi.
Le parallèle ne s’arrête pas là. Le technicien français a rappelé que ces Canadiennes étaient déjà dans le groupe qui atomisa l’Australie en quarts (46-5), preuve qu’on préfère conserver un collectif rodé plutôt que de risquer des effets de manche. Deux d’entre elles connaissent même le goût d’une finale de Coupe du Monde : Paris, Jean‑Bouin, 2014 — les Canadiennes avaient alors perdu contre les Anglaises 21-9. Karen Paquin repartira titulaire en troisième‑ligne aile; Tyson Beukeboom, fidèle à son sort de 2014, commencera sur le banc. Ces choix sont inscrits, ni plus ni moins, sur la même feuille que les victoires qui ont mené ici.
Sur le plan sportif, les dossiers parlent d’eux‑mêmes : 35-17 pour l’Angleterre face à la France, 34-19 pour le Canada face à la Nouvelle‑Zélande, et ce 46-5 en quart contre l’Australie qui justifie la confiance accordée aux joueuses reconduites. Les entraîneurs disposent donc d’arguments concrets pour défendre leur immobilisme : gains nets, chiffres parlants, et une mémoire collective qu’on ne réécrit pas entre deux entraînements. Reste la question du spectacle — ou plutôt de son intensité : avec plus de 80 000 spectateurs attendus à l’Allianz Stadium, on va mesurer si la répétition paie en émotion ou si l’on assiste à une finale formatée, belle sur le papier et sans surprise dans la feuille de routes.
Au final, tout se cristallise autour de deux certitudes. D’abord, la confiance des staffs dans des groupes inchangés. Ensuite, le contexte : un stade plein et un ancien goût de revanche qui plane depuis 2014. L’ironie voudra qu’une affiche si attendue se joue avec une grande prudence tactique et des sélections immuables — mais si cela remplit le stade et offre du rugby de qualité, peu de monde se plaindra. Les 23 qui ont prouvé qu’elles savaient gagner auront la tâche de transformer la répétition en réussite finale.