La soirée avait tout pour plaire au spectacle et à la dramaturgie locale : une Meinau coupée en deux — grève des encouragements d’un côté, banderole de soutien pour la direction de l’autre — et un Racing qui croyait filer vers les nuages après l’heure de jeu. Abdoul Ouattara a remis les Strasbourgeois devant dès la 49e minute et, un temps, ils se sont retrouvés propulsés en tête du classement. Les supporters, partagés, ont donc assisté à l’inévitable retournement attendu par ceux qui collectionnent les gestes techniques et les fins de match dramatiques.
Marseille, jusque-là discret, a sorti ses atouts en seconde période. Pierre-Emerick Aubameyang a rééquilibré la partie à la 78e minute avant qu’Amir Murillo n’offre la victoire aux Phocéens dans les arrêts de jeu (90e+1). Résultat final : Strasbourg s’incline 1-2, ouverture de la 6e journée de Ligue 1. Le technicien strasbourgeois n’a pas mâché ses mots au coup de sifflet : « On est très déçus de perdre. Quand on mène un match, il faut savoir mieux gérer les choses. On doit apprendre de nos erreurs, à travers ces épreuves. L’OM est une top team, avec un manager de génie. Ils ont été excellents après la pause. » Paroles de coach : concises, tranchantes, parfaitement adaptées à un vestiaire en recherche de réponses.
Liam Rosenior a aussi pointé l’arbitrage avec la précision d’un chroniqueur contrarié. Il a estimé que Jérémie Pignard avait sifflé une faute d’Emanuel Emegha sur Nayef Aguerd en début de seconde période, alors que l’attaquant « parait seul au but ». Il a ajouté : « Je n’ai pas revu l’action, mais pour moi cela méritait un deuxième jaune pour Aguerd. C’est un moment clé. » La séquence du match n’a visiblement pas convaincu tout le monde côté strasbourgeois; l’entraîneur a aussi été « très énervé » par la non-interruption du jeu quand Joaquin Panichelli est resté au sol, touché à la tête (70e). « Il était KO », a-t-il insisté. Ces récriminations auront leur poids dans les conversations, moins dans le tableau des scores.
La conséquence immédiate est simple et froide : après cette défaite, Strasbourg se retrouve virtuellement cinquième, tandis que Marseille a provisoirement pris la tête du championnat. Le calendrier ne fait pas de cadeaux non plus : le Racing devra rapidement se remettre, avec un déplacement jeudi sur la pelouse du Slovan Bratislava en Ligue Europa Conférence. Reste à voir si les leçons évoquées par Rosenior seront consignées dans un carnet de route ou simplement brandies comme excuses de salon. Le football a la fâcheuse habitude de punir la répétition des mêmes errements. Les supporters strasbourgeois, divisés mais exigeants, ont désormais deux fronts à surveiller — la vie interne du club et les conséquences sportives d’un match qui leur a filé entre les doigts.