Reporté. L’appel visant Bernard Laporte et Mohed Altrad a été repoussé de neuf mois : la cour d’appel les jugera du 9 au 25 septembre 2026, a appris l’AFP d’une source judiciaire. La tenue de ce second procès était initialement prévue en décembre 2025. Traduction administrative : un dossier longuement décanté, un calendrier déplacé et des avocats qui peuvent souffler (ou profiter). Les dates importent ; elles encadrent le prochain acte de ce feuilleton judiciaire. L’information est purement procédurale mais elle remet en perspective la longueur du litige. Écrites en toutes lettres, les nouvelles échéances dessinent la suite. On change de saison, pas d’accusés.
En première instance, en décembre 2022, le tribunal correctionnel de Paris avait reconnu les deux hommes coupables d’avoir noué un pacte de corruption. Bernard Laporte, ancien président de la Fédération française de rugby, avait écopé de deux ans d’emprisonnement avec sursis et 75 000 euros d’amende. Le tribunal lui a reproché d’avoir rendu une série d’arbitrages au bénéfice du président de Montpellier (MHR, Top 14). La manœuvre financière repérée par les juges : un versement de 180 000 euros en mars 2017 versé à Laporte au titre d’un contrat d’image secret, contrat qui, fait notable et presque comique, n’a jamais été exécuté. Les juges ont vu là un enchaînement de prestations et de contreparties qui, pour le tribunal correctionnel, formaient la colonne vertébrale du pacte. La chronologie du dossier est simple : le versement date de mars 2017 ; le contrat d’image secret, jamais exécuté, est resté la pièce observable qui a attiré l’œil judiciaire. Le portrait judiciaire est sobre : sommes, contrats cachés, décisions d’arbitrage.
Mohed Altrad, président du Montpellier Hérault Rugby et PDG du groupe Altrad, avait pour sa part été condamné à dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis et 50 000 euros d’amende. Motif retenu : avoir, selon la rédaction du jugement, « rémunéré Bernard Laporte afin d’obtenir ses faveurs en sa qualité de président de la FFR ». Le rôle du président de club et homme d’affaires y est mentionné noir sur blanc. Les condamnations de Laporte et d’Altrad ont ainsi livré une version judiciaire des liens entretenus à l’époque entre dirigeants, clubs et instances fédérales. Altrad, à la fois patron de club en Top 14 et chef d’un groupe de BTP, se retrouve ainsi mêlé à une sanction qui reste de même nature : sursis et amende. Ces constats de la première instance sont désormais appelés à être réexaminés par la cour d’appel ; le calendrier a été déplacé, pas le dossier.
Autre protagoniste concerné : Serge Simon, vice‑président de la FFR. Relaxé en première instance pour prise illégale d’intérêt, il voit le parquet national financier faire appel de sa relaxe. L’accusation le soupçonne d’avoir demandé en 2017 au patron de l’arbitrage de l’époque, Joël Dumé, d’envoyer un arbitre pour le match Montpellier–Racing 92 afin de faire constater le forfait du club francilien, lequel avait obtenu un report que Mohed Altrad ne souhaitait pas. Le PNF a donc obtenu que Simon soit rejugé devant la cour d’appel de Paris. Le parquet national financier, en faisant appel de la relaxe de Simon, a choisi de maintenir ce volet du dossier sous la lumière de la cour d’appel. Rappel pratique : le second tour s’étalera du 9 au 25 septembre 2026. Conclusion minimaliste et désabusée : mêmes noms, mêmes éléments, nouveau calendrier. Le rugby attend son verdict hors des stades.