Le grand magasin parisien veut désormais jouer les mécènes du rugby. D’après le projet de délibération soumis au Conseil de Paris (séance prévue du 7 au 10 octobre), la société SEGM BHV est candidate pour transformer l’enceinte du 16e arrondissement en « BHV Stadium Jean-Bouin » lors des rencontres de Top 14. Le stade Jean-Bouin, à quelques dizaines de mètres du Parc des Princes, n’est pas un décor neuf : il héberge le Stade Français depuis plusieurs décennies et a accueilli plus récemment le Paris FC, qui y a posé ses valises après être monté en Ligue 1 cette saison.
Le dossier repose sur une prérogative obtenue en 2019. À ce moment, le Stade Français a reçu une délégation de service public lui autorisant à solliciter des partenaires pour un naming. Le texte de la délibération l’expose sans détour : « La société Stade Français Paris Gestion, fait part de sa volonté de mettre en œuvre cette stipulation contractuelle en concluant un contrat de nommage avec la société SEGM BHV ». Le même document ajoute que « Il s’agira du premier ‘naming’ d’équipement réalisé par la marque », en avançant l’argument des valeurs partagées entre la marque et le club. Le contrat proposé couvrirait quatre saisons, de 2025-2026 à 2028-2029, jusqu’au 30 juin 2029. La Ville y trouverait une rentrée estimée à 100 000 euros par an ; le montant que percevrait le club reste, lui, non divulgué. Le texte précise encore que « Les redevances, assises sur le chiffre d’affaires issu du contrat de ‘naming’ et estimées à 100.000 euros, seront constatées sur le budget de fonctionnement de la Ville des années 2026 et suivantes. »
La mécanique administrative est posée. Les matches du Paris FC ne sont pas concernés par cette délibération, rappelle le document. Le club de la capitale, dont la famille Arnault est actionnaire majoritaire, avait déjà dû s’entendre avec le Stade Français pour le partage de l’enceinte au début de 2025. Le reste relèvera du vote des élus parisiens. Si le Conseil accepte, Jean-Bouin portera un nouveau nom commercial pendant quatre saisons. On peut se réjouir — ou lever les yeux au ciel — devant la routine désormais bien rodée du naming en France : un logo en plus, un nom en moins, et la municipalité qui compte cent mille euros annuels pour meubler son budget de fonctionnement.