Antoine Dupont a lancé l’alerte, Ugo Mola l’a reprise comme si c’était la nouvelle stratégie de rentrée. Le sujet : le plafonnement des masses salariales du Top 14, fixé à 10,7 millions d’euros jusqu’à la saison 2026/2027, et la manière dont sont comptabilisées les rémunérations indirectes. Mola, présent à la Nuit du rugby où son encadrement a reçu le prix du meilleur staff, n’a pas pris la peine de minimiser le problème. Il a dit partager les critiques de son capitaine et a évoqué, sans détour, le manque de retombées concrètes pour les joueurs malgré l’économie réalisée par les clubs.
Le fond du désaccord est administratif et pourtant très concret pour les joueurs. Dupont a résumé la colère : « Ce n’est pas correct de ne pas autoriser les joueurs à utiliser leur image personnelle dans un cadre publicitaire ». Traduction factuelle : si un sponsor lié au club emploie un joueur dans une campagne, les revenus tirés de cette campagne sont ajoutés au salary cap. La LNR explique que ce volet vise à empêcher les clubs de camoufler des rémunérations derrière des contrats publicitaires. Conséquence immédiate : soit les clubs limitent ces partenariats, soit ils soustraient ce que gagne le joueur de son salaire déclaré pour ne pas faire exploser le plafond. Yann Roubert, président de la Ligue, a rappelé que les négociations sont en cours et que toutes les prises de position sont bienvenues — phrase aimable qui signifie surtout que la botte administrative est en réunion.
Ugo Mola n’a pas plaidé uniquement pour le portefeuille de Dupont. Il a mis l’accent sur la protection des acteurs. Sa ligne : le rugby moderne pèse physiquement, les carrières raccourcissent, et les joueurs ne bénéficient pas forcément de l’économie générée autour d’eux. Il a ainsi déplacé la discussion du « combien » vers le « pour qui et comment ». La LNR, de son côté, répète son credo : transparence renforcée pour éviter les contournements, sans interdire aux joueurs de gérer leur droit à l’image avec des entreprises non liées au club. Ce que la règle interdit, en revanche, c’est la parade financière qui consisterait à gonfler artificiellement la masse salariale hors contrôle en déclarant des contrats publicitaires comme indépendants alors qu’ils servent surtout à rémunérer le joueur via le club.
Le débat reste donc simple sur le papier et compliqué en pratique. Les présidents discutent des montants. Les joueurs, eux, pointent l’impact réel de leur métier sur leur santé et leur avenir. Les entraîneurs demandent des garanties collectives plutôt que des ajustements comptables. Personne n’invente ici de grand complot ; on observe seulement une administration qui veut éviter les échappatoires et des acteurs qui réclament une meilleure reconnaissance économique et sociale. Pendant ce temps, la négociation suit son cours, et chacun reprend son rôle : expliquer, contester, rappeler les chiffres et espérer que la solution ne donnera pas uniquement raison aux vérificateurs.











































