Ce Grand Prix du Japon a pris l’air d’une comédie mal réglée. Le scénario ? Si Alex Marquez laisse son grand frère marquer trois points de plus ce week‑end, le titre pourrait bien être plié sur l’île. Plutôt que de jouer les héros, Alex a servi sa pire séance d’essais de la saison : chute au virage 9, galère avec les limites de piste et, au final, seulement la 15e place en 1’43 »784, à 0 »591 du leader. Résultat concret et humiliant pour un pilote qui n’a jamais dû passer par la Q1 cette saison : samedi, ce sera boulot supplémentaire.
Le partage de la 15e place est presque comique de précision. Alex a rendu son chrono à égalité parfaite avec Jorge Martin et Ai Ogura. On acceptait les ex æquo pour le prix du fair‑play ; pas sûr que ce soit la médaille qu’il voulait. Marc Marquez, lui, a évité de justesse une déconvenue similaire. Il a attendu jusqu’à trois minutes de la fin pour entrer enfin dans le top‑10, mais sa troisième place (+0 »167) suffira pour respirer… un peu. Fait notable pour les amateurs de paradoxes : aucune Ducati devant lui. Marco Bezzecchi, en pleine forme, a signé le meilleur temps en 1’43 »193 avec son Aprilia, devançant Pedro Acosta de 0 »136. Acosta, furieux, est tombé au virage 1 juste après son meilleur tour, sa moto fortement endommagée — rage et dégâts au menu.
La séance a aussi été un exercice de nerfs pour les Français. Fabio Quartararo a attendu la dernière tentative pour arracher la 8e place (+0 »401). Johann Zarco, lui, a chipé la dixième position pour huit millièmes face à Fermin Aldeguer. Huit millièmes : le genre de détail qui transforme une sieste en zone de haute tension. Plus loin, Francesco Bagnaia, qui avait pourtant signé le meilleur temps lors de la première séance après un week‑end difficile à Misano, n’a pas confirmé en se contentant de la 7e place (+0 »346). Luca Marini, juste devant lui (6e, +0 »310), et Joan Mir (4e, +0 »168) ont permis à Honda d’aligner trois motos dans le top‑10 — bilan égal à Ducati sur le papier, mais pas forcément sur l’ambition du dimanche.
En somme, la feuille de temps ressemble à une pile de contradictions : Bezzecchi devant, Acosta à deux doigts d’un exploit brisé par une chute, les Marquez séparés par une petite montagne d’inconstance. Pour Alex, la route vers le maintien du suspense passe par une Q1 parfaite, sous peine de voir le championnat prendre un tour d’avance. Pour Marc, la mission est simple (sur le papier) : marquer un peu plus que son frère. Les chiffres sont là, les incidents aussi, et l’ironie du sport reste inchangée — parfois, il suffit d’un virage pour transformer une saison entière.