Trois semaines après avoir rendu les armes face à Carlos Alcaraz à l’US Open (7-6 [3], 6-3, 6-4) et deux semaines après s’être offert Marin Cilic avec les Bleus en Coupe Davis (6-2, 6-4), Arthur Rinderknech a pris un chemin moins rectiligne pour se qualifier au tournoi ATP 500 de Pékin. Lucky loser de circonstance, le Français (30 ans, 54e mondial) a battu David Goffin (34 ans, 87e) en trois sets, 6-4, 3-6, 6-4. Le résultat a l’allure d’une revanche propre : Goffin l’avait emporté deux jours plus tôt, au deuxième tour des qualifications.
Dès l’entame, Rinderknech a montré qu’il n’était pas venu pour la promenade. Il a breaké son adversaire au premier jeu et tenu la première manche sans trembler. La suite a pris des allures de feuilleton médical. À 4-1 pour Goffin dans le deuxième set, le Français a demandé l’intervention du médecin, visiblement gêné par le dos. Goffin en a profité pour recoller, mais la partie n’a jamais basculé dans l’irréversible. Malgré la perte de son service dans le troisième acte, Rinderknech a trouvé les ressources physiques et mentales pour conclure. Grimaçant et longuement assis au terme du match, il a quitté le court en témoignant que la victoire avait un goût mêlé d’effort et de soulagement.
La trajectoire du match mérite d’être soulignée sans ornement inutile : un joueur qui perd en qualifs et revient en tableau principal comme lucky loser, puis gagne contre le même adversaire en trois manches, ce n’est pas de la magie, c’est du sport appliqué. Rinderknech affrontera au deuxième tour soit Alex De Minaur, soit Yunchaokete Bu. Le message est simple et posé : la carte « lucky » n’efface pas la nécessité de soigner le corps et d’accumuler les arguments sur le court. Pour l’instant, le Français envoie l’image d’un compétiteur capable de se débrouiller malgré un dos récalcitrant et un calendrier chargé.
On pourrait conclure par un mot de compassion, mais le tennis est aussi un chronomètre impitoyable. Reste à voir si cette victoire à Pékin sera un simple épisode de plus dans une saison mouvementée, ou le début d’une série où Rinderknech parviendra à transformer les contretemps physiques en victoires utiles. En attendant, il a choisi de répondre sur le terrain à celui qui l’avait battu en qualifs. Le staff médical aurait peut-être préféré un numéro plus discret ; le public, lui, réclame encore des bills de match moins douloureux.