Jean-Michel Aulas annonce sa candidature à la mairie de Lyon et garde son portefeuille football. Lettre envoyée aux Lyonnais, âge mentionné (76 ans) et décision prise : il restera vice-président délégué de la FFF et directeur de la Ligue professionnelle féminine, même en cas de victoire en mars. Peu d’hésitation dans l’annonce, beaucoup d’assurance dans la gestion du planning. Apparemment, diriger une ville et présider aux destinées du foot national est un agenda compatible.
Le Conseil national de l’éthique et de la déontologie de la FFF a potassé les textes et rendu son verdict : aucun texte n’interdit formellement ce cumul. Le communiqué du 19 septembre rappelle aussi que plusieurs précédents dans le mouvement sportif et le football valident la possibilité d’un tel empilement de casquettes. Simple, efficace et bureaucratiquement propre. Des garde-fous sont cependant précisés : pendant la campagne, Aulas devra s’abstenir d’utiliser ses fonctions à la FFF à des fins électorales. Et s’il devient maire, il devra se déporter lors de toute discussion ou décision concernant la ville de Lyon, l’Olympique lyonnais ou tout autre club de l’agglomération lyonnaise au sein des instances de la FFF. Symétriquement, au sein de la municipalité ou de la Métropole de Lyon, il devra se déporter pour toute décision touchant au football. Traduction pratique : reculs et abstentions régulières au menu, à condition que les déports soient effectivement appliqués.
La communication politique mérite une mention. J.-M. Aulas se présente « sans étiquette », mais a reçu l’investiture des Républicains après la bénédiction de Laurent Wauquiez. Il a aussi obtenu des soutiens arrivés par différentes voies : Gabriel Attal pour Renaissance, le parti Horizons d’Édouard Philippe et l’UDI. Le mélange des couleurs politiques illustre un moment d’union assez curieux autour d’un candidat qui se dit apolitique. Pendant ce temps, le calendrier du ballon continue : BFMTV rappelle que le Trophée des champions opposera le PSG à l’OM au Koweït en janvier. Le foot, visiblement, poursuit sa tournée internationale pendant que la politique locale s’organise.
Reste l’essentiel : la juxtaposition des rôles est permise, encadrée, mais loin d’être désamorcée. Le Conseil a posé des lignes, la pratique dira si elles tiennent mieux que des promesses de campagne. Observateurs et opposants auront de quoi vérifier la fréquence des déports et l’usage effectif des fonctions. En attendant, la mécanique politique et sportive suit son cours, avec Aulas qui tient ferme ses deux rênes — et un détecteur d’incompatibilités à portée de main pour qui voudra l’allumer.