Franck Maurice avait prévu autre chose pour la rentrée : Limoges, un Centre de droit et d’économie du sport et une reconversion en manager général. L’ancien ailier gauche et demi‑centre international (21 sélections entre 1994 et 1996) sortait d’une dernière saison pénible à Dunkerque et semblait sur le point de raccrocher le sifflet des bancs européens. Un coup de fil d’agent a changé le scénario. Zamalek, représentant du pays hôte au Championnat du monde des clubs, l’a entraîné vers la Nouvelle capitale administrative de l’Égypte. « On s’est dit que c’était le moment de tenter l’aventure à l’étranger, de voir autre chose : mes enfants sont grands, mon épouse travaille à Dunkerque et est autonome », dit le technicien. À 53 ans, le Francilien rejoint donc un petit club d’élite côté entraînants français présents : Denis Lathoud (Espérance Tunis, 5e en 2016) ou Patrice Canayer (deux fois 3e, en 2012 et 2018) ont fait le déplacement avant lui.
Sur le terrain égyptien, Maurice découvre plus qu’un décor exotique. « Tout est différent : la culture, la langue, la façon de fonctionner des gens et des clubs. Je suis vraiment surpris par l’énergie du pays et par la sympathie, la disponibilité des gens », s’enthousiasme‑t‑il. Il prend le métro tous les jours et rapporte la politesse locale : « Dès qu’une femme ou une personne âgée entre dans la rame, un homme lui laisse son siège ; et dès qu’une place se libère, les gens se tournent vers moi, l’étranger, pour me proposer de m’asseoir. » Côté club, le rappel historique est sans appel : Zamalek, c’est 12 Ligues des champions d’Afrique, 7 Coupes des Coupes et 19 titres de champion d’Égypte. Le voisin Al‑Ahly a toutefois brouillé la succession ces trois dernières saisons. Les dirigeants n’ont pas tergiversé. « Depuis mon arrivée, j’ai rencontré trois fois les dirigeants du club et ils m’ont répété trois fois la même chose : c’est important de gagner des titres, c’est important de battre Al‑Ahly ! »
Le Mondial des clubs arrive comme un test avant l’objectif prioritaire : la Ligue des champions africaine (10‑22 octobre à Casablanca). Placé dans le groupe le plus relevé du premier tour, Zamalek affronte le Barça et les Brésiliens de Taubaté ; ouverture ce vendredi à 16h45, heure française, contre Taubaté. L’équipe repose sur de jeunes talents locaux et sur l’éternel Ahmed El‑Ahmar (41 ans). Les calculs sont simples et peu indulgents : il faut finir premier du groupe ou être le meilleur deuxième pour accéder aux demi‑finales. Le rythme local n’arrange rien : souvent deux matches en 24 heures, programme et effectif qui peuvent changer du jour au lendemain. Maurice résume sa vision du management ici : « Les joueurs sont pleins d’énergie, mais ils ont besoin de cadre, de discipline. Ici, l’entraîneur est un chef, pas un DRH comme en Europe. » Il assure retrouver « l’énergie » de Nîmes et clame : « Je me donne à 200 % et je m’éclate au quotidien. »
Contrat signé pour une saison plus une en option, l’examen est donc posé en termes limpides. Il le dit lui‑même en comparant la situation à Montpellier face au PSG : « C’est un peu comme Montpellier, qui dominait tout en France, quand le PSG est arrivé et a pris le leadership. Le challenge est là. Je sais où sera le couperet : je serai évalué uniquement sur les titres qu’on aura gagnés et sur les matches contre Al‑Ahly. » Après Casablanca, Maurice aura encore six autres compétitions nationales ou continentales et au moins autant de derbies enflammés contre Al‑Ahly pour convaincre. Il prétend retrouver la flamme. Les tribunes, elles, ne jugeront que les trophées.