Même en s’y mettant à quinze, ils n’auraient pas pu le rattraper. Phrase que l’on pourrait afficher en lettres capitales à l’entrée du stade tant Louis Bielle-Biarrey a rendu l’opposition inutile samedi. Bordeaux-Bègles a battu Lyon 32-20 lors de la 5e journée du Top 14, et l’ailier au casque blanc a signé l’essai du bonus offensif en avalant plus de 70 mètres le long de la touche. Trouvé par Valentin Hutteau, l’international français (22 ans, 19 sélections, 18 essais) a résisté aux retours de Sam Simmonds et Monty Ioane, deux noms qui semblent avoir oublié la définition de « rattraper ». Résultat net : un second essai décisif et la confirmation que la vitesse peut parfois se substituer à tout le reste.
Le compteur individuel ne ment pas. Avec six réalisations en cinq matchs, Bielle-Biarrey est désormais meilleur marqueur du Top 14. Il n’a pas inventé la roue en conférence d’après-match : « La coupure et les vacances m’ont fait du bien », a-t-il dit, avant d’ajouter qu’il avait « pu déconnecter pendant les vacances » et que la préparation avait été bonne comme l’année dernière. Remarquable honnêteté dans un monde où l’on préfère souvent parler d’« état d’esprit » plutôt que d’avouer que quelques jours sans entraînement ont parfois plus d’effet qu’un mois à suer dans un gymnase. Reste la mise en garde du principal intéressé : malgré son état de grâce, l’UBB doit trouver de la constance et réaliser « des matchs plus aboutis de la première à la dernière minute ». Traduction : on a la vitesse, il manque l’endurance collective.
La victoire a aussi des conséquences sur le classement. Partis douzièmes au coup d’envoi, l’UBB se retrouve provisoirement dans le top 4. Belle progression, et forcément des ambitions. Le club l’affiche clairement : corriger les carences à l’extérieur, et commencer dès la semaine prochaine à Toulouse. On souhaite bonne chance aux défenses adverses ; elles vont avoir besoin d’un plan qui fonctionne mieux que « espérez que LBB soit fatigué ». Quant au reste du match, les statistiques et les gestes parlent d’eux-mêmes : un essai long courrier, un joueur en forme, un coéquipier (Hutteau) bien placé. Les recettes sont simples, parfois trop simples. Le vrai chantier pour Bordeaux-Bègles demeure la constance sur quatre-vingts minutes, pas seulement l’exploit ponctuel qui fait la une.
Pour l’UBB, le sprint de Bielle-Biarrey a offert une respiration. Pour convertir ce souffle en marathon, il faudra plus que des vacances bien placées et un casque blanc très voyant.











































