Il y avait de la poussière et des bandages sur le banc. Depuis trois ans sur les bords de l’Erdre, Mostafa Mohamed a choisi de ne pas se laisser enterrer par la routine. Le Gerd Müller des Canaris démarre la saison 2025-2026 sur de meilleures bases que la précédente : titulaire à chaque match de championnat depuis le coup d’envoi et centenaire en Ligue 1 sous le maillot nantais, comme l’a rappelé le club lors du derby. Succès simple, résultat net. Pas de lyrisme superflu, juste des chiffres et des crampons propres.
Le décor n’était pas flambant neuf. Antoine Kombouaré, dont l’article qualifie le deuxième passage de « règne foiré », a provoqué une vraie désaffection chez le joueur. Mostafa n’a pas pris de gants : « comme le pire entraîneur qu’il a eu dans sa carrière. Il est celui avec qui j’ai pensé à partir au mercato. J’avais mis ça en balance : si Kombouaré restait, moi, je partais. » Ça surprend ? Non. Le limogeage de Kombouaré a ouvert la porte à Luis Castro. En moins de temps qu’il n’en faut pour épeler « pharaon », Castro est devenu le vizir. Le joueur le dit lui-même : « Les deux entraîneurs avec qui je me suis le mieux entendu jusqu’à présent, c’est Rui Vitoria et puis Luis Castro. Je suis quelqu’un qui a besoin de sentir qu’on me fait confiance et quand il est arrivé, j’ai immédiatement senti qu’il croyait en moi. Donc, j’ai décidé de rester. » Pragmatique et sans détour, Mostafa a même demandé à ne pas voir arriver d’offres sur le bureau — « car il était très heureux à Nantes ». On appréciera la franchise autant que l’efficacité.
La suite ressemble à une recette bien huilée : un attaquant content, un technicien qui croît en lui et des statistiques qui suivent. Titularité systématique, centième match atteint, meilleure entame de saison que l’an passé — tout est là pour calmer les fausses nostalgies et les va-et-vient des mercato-maniaques. Le constat reste froid : la confiance, ça se gagne en séances et en matchs, pas en noms ronflants. Rui Vitoria et Luis Castro figurent désormais dans le panthéon personnel du joueur. Kombouaré, lui, s’est retrouvé dans la boîte à souvenirs dont Mohamed ne veut plus entendre parler. Point final.
Reste une conclusion qui sent la poussière de vestiaire : Mostafa Mohamed a choisi la stabilité et la confiance plutôt que l’errance. Les chiffres confirment l’aisance retrouvée, les déclarations ne laissent guère de place au doute, et Nantes récupère un buteur motivé. À qui la faute si certains entraîneurs n’ont pas le don d’inspirer ? Le Pharaon a pris la dépouille, l’a momifiée symboliquement et a remis le sceptre là où il pense qu’il doit être. Cynique, peut-être, mais efficace.