La collection 2025-2026 a été présentée dans un décor qui sent la pompe, mais le vestiaire sent la poussière. Depuis le 25 juin et le premier titre national, Paris Basketball a vécu un été plus rempli qu’un carrousel de transferts : onze joueurs sur seize et l’entraîneur ont pris la tangente. T. J. Shorts, Tyson Ward, Mikael Jantunen, Collin Malcolm, Maodo Lô et Kevarrius Hayes ont quitté la capitale pour nourrir les cadors d’Euroligue — Panathinaïkos, Olympiakos, Fenerbahçe, Hapoël Tel-Aviv, Kaunas et Monaco — tandis que Tiago Splitter a regagné la NBA. Le club a conservé Nadir Hifi, et c’est clairement son trophée de l’été. David Kahn l’explique par des envies de découverte et des salaires en hausse ailleurs : « Conserver ses joueurs est de plus en plus compliqué, en Europe et en NBA. » Traduction : l’ascension a un prix, et d’autres chequiers l’ont payé plus fort.
Le nouveau Paris débarque avec un entraîneur italien, Francesco Tabellini, et un effectif à recomposer à la vitesse d’un arrêt de jeu. Justin Robinson arrive paraître comme le successeur du magicien T. J. Shorts, mais sans le même profil ni l’expérience européenne ; ses chiffres à Trapani (14,4 points, 6 passes, 38,9 % à 3 points) sont honnêtes, pas miraculeux. Robinson lui-même rend hommage à Shorts — « T.J. est un grand joueur et il a fait ce qu’il avait à faire. Je ne sens aucune pression. Je suis là pour être moi‑même » — formule qui tombe bien quand on remplace un double MVP de Betclic Élite. Nadir Hifi, meilleur marqueur de Betclic Élite la saison passée (18,2 points), a prolongé et a déjà montré les dents en Supercoupe (27 puis 19 points). Si Paris doit compenser la saignée, il devra compter sur lui et sur Maodo Lô, absent pour l’instant mais pressenti pour assumer davantage de création (2,6 passes la saison dernière). Les ambitions officielles restent intactes : « on a gagné des titres depuis deux ans et on vient pour faire la même chose cette saison. » Les ambitions parlent ; le roster répond moins vite.
La mise en route est, hélas, plus cahoteuse que triomphale. Tabellini, adepte d’un basket de relance et d’un pressing exigeant, a déjà changé l’intégralité de son cinq majeur à Roland‑Garros en moins de trois minutes de jeu — démonstration de zèle ou symptôme d’instabilité, au choix. La préparation s’est terminée sur une défaite lourde, avec un -30 sur la seconde mi‑temps face à Boulazac en Supercoupe. Les indisponibilités tombent mal : Sebastian Herrera (contusion abdominale) et Lamar Stevens (pied) hors jeu, Daulton Hommes et Enzo Shahrvin absents des rotations. Tout cela alors que le club augmente ses moyens (budget annoncé à 28,9 millions d’euros, masse salariale portée à 8 millions) mais maintient la masse salariale sportive à environ 30 % du budget, loin des ogres européens et de Monaco. L’Adidas Arena a battu des records de billetterie et de merchandising, mais 8 400 places et l’absence de droits télé laissent peu de marge. David Kahn persiste dans l’optimisme stratégique, évoquant une « ascension innocente » et l’espoir d’investisseurs ou d’un engagement accru de la NBA. Belle image. Le problème : la pente devient plus raide quand les traces de crampons des anciens joueurs ont laissé de profondes ornières.
Le spectacle promet d’être divertissant si l’on aime les montagnes russes : un coach pressant, un leader offensif qui veut prouver, des nouveaux venus sans vécu européen et des finances qui poussent mais qui ne transforment pas un collectif en roster de blockbuster. Reste à savoir si Paris saura remplacer l’alchimie qui a fait tomber Monaco et remplir l’Arena. L’été a été généreux en départs ; la saison dira si les promesses du salon Georges‑Bertrand valent plus que les discours officiels.