Présentation chic à l’Hôtel de Ville, collection 2025-2026 et changement de décor radical. Paris Basketball, club né en 2018 et sacré champion de France le 25 juin, a vécu un mercato digne d’un feuilleton européen : onze joueurs partis pour une rotation de douze, un entraîneur remplacé, et une impression générale que le tapis se retire sous les pieds d’une équipe en plein vol. Le président David Kahn parle de curiosité et de cheminements de carrière — et même d’un retour possible à la LeBron — mais les faits sautent aux yeux. T.J. Shorts, Tyson Ward, Mikael Jantunen, Collin Malcolm, Maodo Lô et Kevarrius Hayes ont tous quitté Paris pour des rivaux d’Euroligue (Panathinaïkos, Olympiakos, Fenerbahçe, Hapoel Tel-Aviv, Kaunas et Monaco). Tiago Splitter est reparti à la NBA chez les Portland Trailblazers. Une hémorragie qui clôt un cycle riche en trophées (Leaders Cup, Coupe, Championnat et Eurocoupe) et qui transforme la rentrée en chantier.
Le coach italien Francesco Tabellini, 42 ans et ex-Nymburk, débarque avec un projet intense : relance rapide et défense agressive. Son arrivée a convaincu la direction — Kahn allant jusqu’à pronostiquer « Il sera l’entraîneur de l’année en Euroligue ». Constat de préparation moins romantique : défaite lourde avec 30 points concédés en deuxième mi-temps face à Boulazac en Supercoupe. Les joueurs nouveaux doivent s’adapter, comme l’a souligné Yakuba Ouattara, et Tabellini ne cache pas son souhait de « booster notre identité, provoquer les choses plutôt que d’être en attente ». L’effectif, pour l’instant, n’est pas au complet : Sebastian Herrera (contusion abdominale) et Lamar Stevens (problème au pied) sont absents, tandis que Daulton Hommes et Enzo Shahrvin manquent des rotations précieuses. Justin Robinson, le nouveau meneur venu de Trapani, affiche 14,4 points et 6 passes en moyenne la saison passée ; il assure n’avoir « aucune pression » mais hérite du rôle ingrat de succéder à un joueur qui a marqué le club, T.J. Shorts, double MVP de Betclic Élite.
Paris a toutefois retenu ce qui pouvait l’être : Nadir Hifi prolongé. Meilleur marqueur de Betclic Élite la saison dernière (18,2 pts), il a commencé fort en Supercoupe (27 pts contre Le Mans, 19 contre Boulazac) et se voit proposé un costume offensif plus lourd. Maodo Lô parti, Hifi devra aussi assumer davantage la création — rappel utile des chiffres : 2,6 passes pour Lô la saison passée, 1,7 ballon perdu en moyenne. Côté finances, le budget franchit un palier (28,9 millions d’euros prévisionnels contre 18,8 au début de la saison précédente) et la masse salariale grimpe à 8 millions (5,6 auparavant), soit environ 30 % du budget. Ce sont des progrès, mais Paris reste loin des cadors européens soutenus par de grandes structures (Real, Barça, Olympiakos, Panathinaïkos, Fenerbahçe) et même derrière Monaco (38,7 millions, plus de 50 % du budget consacré aux salaires). L’Adidas Arena, limitée à 8 400 places, a permis des records de billetterie et de merchandising, mais sans droits télés la marge de progression commerciale paraît ténue.
Bilan sous-entendu mais net : Paris joue sa crédibilité. Les trophées des deux dernières saisons pèsent encore, la salle bat des records, et Kahn parle d’« ascension innocente ». Le reste ? Adaptation, bras long pour attirer des recrues, et prière discrète pour que Tabellini transforme la promesse en réalité. Reste à voir si la direction financière et le nouveau groupe pourront reconstruire l’énergie qui a fait trembler Monaco ou si la capitale restera le lieu d’un bel épisode désormais refermé.