Trente-trois ans après « l’été magnifique », la colline catalane devait servir de théâtre à un sommet. On se retrouve avec une pièce plus modeste : le PSG version automne cahoteux contre le Barça qui n’a jamais renoncé à la revanche. La conclusion tient dans une litanie de noms absents et de chiffres qui font mal — Ousmane Dembélé, Khvitcha Kvaratskhelia et Désiré Doué ne figurent pas dans l’attaque. Le commentaire est sobre : sans sa ligne offensive de la finale de la Ligue des champions, Paris n’est plus la même force.
Sur le terrain, les constatations sont nettes et froides. Le PSG dispute son 59e match en un an, et la fatigue a déjà cueilli son lot de blessés. Défensivement pourtant, il y a des signes rassurants : un seul but encaissé sur les quatre derniers matches, celui provoqué par l’erreur de Lucas Chevalier à Marseille (0-1, 22 septembre). La saison récente sert de rappel — d’octobre à mai derniers, l’équipe avait grandi — mais ce capital confiance peine à compenser une attaque amoindrie. Luis Enrique a botté en touche de son côté : « Tous les entraîneurs cherchent un équilibre ». Traduction possible : on tâtonne, on compose et on espère que le banc ne sera pas juste décoratif.
Le calendrier n’aide pas l’humeur. Dix jours après le Classique, le programme européen continue de broyer les organismes et l’automne pourrait sonner moins comme une reprise que comme une succession de rendez-vous à haut risque. Paris a montré quelques éclairs : vingt minutes convaincantes contre l’Atalanta (4-0), et une victoire historique à Barcelone en quarts la saison passée (4-1 au retour, après une défaite 2-3 au Parc et l’expulsion d’Araujo à la 29e). Mais l’impression demeure incomplète : Gonçalo Ramos et Lee Kang-in doivent redevenir des menaces, tandis que les jeunes — Mathis Jangeal, Ibrahim Mbaye (17 ans) et Quentin Ndjantou (18 ans) — ont pris part à la victoire face à Auxerre (2-0) et offrent une lueur d’espoir pour la profondeur de l’effectif. Les Parisiens comptent sur ces éléments, ou plutôt attendent qu’ils confirment pour ne pas creuser un déficit plus durable que les blessures elles-mêmes.
Barcelone, de son côté, ne s’en remettra pas en silence. La ville croit encore que le printemps 2024 aurait été différent à onze contre onze, et la mémoire du sacre manqué aiguise la motivation. L’absence du duel Dembélé–Yamal laisse un vide attendu, mais le match promet toujours des étincelles : Lamine Yamal peut seul désorganiser une défense et vient de terminer deuxième du Ballon d’Or, en plus d’avoir reçu le trophée Kopa. Nuno Mendes se frottera à ce petit prodige, et le spectacle devrait se jouer sur ces fulgurances individuelles autant que sur la solidité collective. Si Paris perd pour la deuxième fois en trois matches, il y aura moins d’indulgence qu’on voudrait croire sur la colline.
Conclusion ? On garde les factures : blessures, matches à la pelle, une attaque amoindrie et une défense qui tient encore la barre. Le suspense, si l’on peut appeler ça ainsi, se résume à ceci : le PSG espère suffire avec des remplaçants et des gamins qui grandissent vite, le Barça attend de transformer la rancune en revanche pratique. Reste à voir si l’automne sera juste une mauvaise passe ou le début d’un vrai scénario de chute.