Il y a des fins de saison qui sentent le suspense et d’autres qui sentent surtout l’ennui. Matthieu Pavon a choisi la seconde option. Promesse de départ : un Français de plus au club très fermé des Bleus ayant porté la Ryder Cup, aux côtés de Jean Van de Velde (1999), Thomas Levet (2004) et… Victor Dubuisson, dernier représentant tricolore en 2014 à Gleneagles (deux victoires en foursome, un nul en simple). Reste que le Bordelais n’a pas transformé les bonnes intentions en résultats suffisants pour grimper dans le wagon de Luke Donald.
Les faits sont têtus. L’année précédente, Pavon avait livré un CV séduisant — victoire sur le PGA Tour, 12e place au Masters, 5e à l’US Open — assez pour rêver d’une place aux côtés des Bleus. Cette saison, cependant, la régularité lui a fait défaut au mauvais moment. Plusieurs tops 10 dans le sprint final auraient suffi pour viser la sélection aux points. Luke Donald, qui privilégie les joueurs en forme au moment décisif, avait laissé une porte ouverte : Pavon avait même séduit lors de la Team Cup à Abu Dhabi, associé à Romain Langasque. Les places finissent par se décider sur des détails ; Pavon l’a résumé sans fioritures : « Pour moi, ça se joue sur les cinq derniers tournois avant la sélection. »
Il a tenté la politique de l’espoir jusqu’au dernier moment. À Saint-Nom-la-Bretèche, il expliquait qu’un bon Scottish Open ou un British réussi, suivi d’un résultat à Crans, pouvait tout changer. Le calcul est purement sportif, et parfois cruel : Nicolai Højgaard et Ludvig Åberg ont été pris sur la marche finale (référence à la sélection avant la Ryder Cup de 2023 à Rome), Alex Noren a prouvé qu’un succès tardif pouvait renverser la donne — « Si la sélection s’était achevée après Wentworth (où le Suédois a remporté le PGA Championship en play-off face à Adrien Saddier), aurait-il été sélectionné en tant que joueur ? » a encore glissé Pavon, lucide. Finalement, la décision de renoncer à Bethpage est arrivée trop tard pour espérer un miracle mathématique.
La réalité rejoint la déception : talent et bons résultats ponctuels ne suffisent pas quand la mécanique d’une sélection privilégie la forme immédiate. Pavon avait des motifs d’ambition. Il en reste un tableau de saisons contrastées et une morale incarnée par Dubuisson, dernier Français à avoir foulé les fairways de la Ryder Cup. Pour l’instant, la France devra attendre un nouveau candidat assez opportuniste pour aligner performances et calendrier au millimètre près. En attendant, Pavon peut méditer sa formule préférée sur les cinq derniers tournois — et vérifier que, dans le golf moderne, le timing vaut parfois plus qu’un grand coup bien placé.