Quelque chose a changé au pied du Mont Fuji, ou du moins la feuille des temps a décidé de jouer les romantiques pour Peugeot. En difficulté cette saison, la marque au Lion s’est offert son meilleur week-end de l’année lors des 6 Heures de Fuji, avant-dernière manche du WEC retransmise sur L’Équipe et L’équipe Live. Les 9X8 ont dominé les deux sessions d’essais, avec une présence simultanée en tête qui aurait presque tenu du rituel — si la Balance of Performance n’avait pas été mentionnée comme complice.
Dès la première séance, Peugeot a placé ses deux voitures en tête. Loïc Duval a signé le chrono référence en 1’30 »152 au volant de la n°94 (partagée avec Jakobsen et Vandoorne). La n°93 (Vergne, Jensen, Di Resta) a suivi en 1’30 »610. Aston Martin, soi-disant favorisée comme Peugeot par la BoP, s’est glissée aux 3e et 4e places — la n°009 devançant la n°007 — pendant que Ferrari était repoussée au-delà de la huitième place. La tonalité n’était donc pas strictement une surprise, plutôt un rappel que les ajustements réglementaires peuvent transformer un vendredi ordinaire en fête pour certains et en séance de rattrapage pour d’autres.
La deuxième séance n’a pas révolutionné l’ordre des forces, mais elle a redistribué quelques cartes. Peugeot a conservé la pole virtuelle avec la n°94, Mikkel Jensen établissant la référence en 1’29 »495. La n°93 a chuté à la 11e place (+0 »760), preuve que stabilité et constance ne sont pas des jumeaux obligatoires. Aston Martin s’est retrouvée de nouveau sur le podium (3e, +0 »064). Entre eux, la Porsche Penske n°5, avec Andlauer et Jaminet, a réussi à se glisser à 17 millièmes de Peugeot pour prendre la seconde place — un écart microscopique pour qui aime les chiffres, gigantesque pour les stratèges de stand.
Cinq marques différentes figuraient dans le top 5 après cette deuxième session, preuve que l’équilibre du plateau reste serré. Toyota, via la n°8 (Buemi, Hartley, Hirakawa), et Alpine, via la n°35 (Chatin, Habsburg, Milesi), complétaient ce quintet en moins de quatre dixièmes. L’autre Alpine n°36 (Gounon, Makowicki, Schumacher) a signé une 14e place (+0 »923). Ferrari n°50 (Fuoco, Molina, Nielsen) n’a obtenu que la 8e place (+0 »586). Cadillac Jota, victorieux à Sao Paulo, ne semble pas avoir gardé son élan : la n°12 (Lynn, Nato, Stevens) est septième, à 451 millièmes de la tête.
Samedi réserve encore une séance d’essais libres d’une heure à 2h50 du matin, heure française, avant la qualification programmée à 7h20. Les chiffres sont serrés, les noms se recroisent et la BoP continue de murmurer à l’oreille des feuilles de temps. Reste à voir si Peugeot convertira cette fulgurance matinale en performance de six heures. En attendant, on prend les tours rapides, on note les millièmes, et l’on attend la suite avec un sourire poli et légèrement sceptique.