Arrivé à Hangzhou en surprise aimable, Valentin Royer a découvert que la marche finale avait des bords tranchants. À 24 ans et classé 88e, le droitier formé à l’académie de Janko Tipsarevic a disputé sa première finale ATP et s’est incliné face à Alexander Bublik (19e) 6-7, 6-7. Ironie du score : Royer n’a cédé aucun jeu de service, mais a craqué dans les deux jeux décisifs. Le match a duré un peu moins de deux heures, ce qui laisse juste le temps de regretter les points clés.
Le récit du match ressemble à une leçon de ponctualité : on sert, on ne lâche rien, et si on tremble au tie-break, on perd. Bublik a envoyé 21 aces en finale et s’est montré intraitable au service dans les moments chauds. Le premier set n’a offert aucune opportunité de break ; il s’est joué au jeu décisif, où deux coups droits d’attaque de Royer ont filé dans le couloir. Au début du deuxième set, le Français a enfin obtenu ses deux premières balles de break, sans réussir à les convertir. Dans le jeu suivant, il a lui‑même sauvé deux balles de break, puis n’a plus été inquiété sur son service — mais les tie-breaks, eux, ont encore basculé en faveur du Kazakh, le second réglé 7 points à 4.
La trajectoire de Royer reste tout de même remarquable et factuelle, sans enjoliver : avant Hangzhou il n’avait que trois victoires sur le circuit principal. Là, il a passé deux tours de qualifications puis quatre matches dans le tableau final pour atteindre sa première finale. Sur ce tournoi il a aussi signé sa première victoire contre un membre du top 20, en éliminant Andrey Rublev (14e) au deuxième tour. Déjà parvenu à son meilleur classement avant d’arriver dans l’est de la Chine, le Tricolore va encore grimper : il sera 75e au prochain classement ATP. Preuve que la défaite peut parfois ressembler à une promotion.
Bublik, lui, a transformé la routine en exposition : 21 aces, un quatrième titre en 2025 et un palmarès sur trois surfaces différentes après ses succès à Halle (gazon) puis à Gstaad et Kitzbühel (terre battue). À Kitzbühel, le Kazakh avait déjà privé Arthur Cazaux d’un premier sacre ; à Hangzhou, il a simplement ajouté un trophée de plus à sa saison. Seul Carlos Alcaraz a fait mieux niveau titres cette année, avec sept trophées dont Roland‑Garros et l’US Open. Résultat clinique et sans fioritures : Royer repart avec le meilleur tournoi de sa carrière et une place au classement en hausse, Bublik repart avec la coupe et la carte d’identité d’un homme qui sait servir quand il faut.