Les condamnations se multiplient et le grand spectacle judiciaire n’épargne pas les pelouses. Le 25 septembre, l’ancien président du FC Rouen (2022-2024), Charles Maarek, a écopé d’une peine de 10 mois de prison avec sursis, assortie de cinq ans d’interdiction de gérer une entreprise et de trois ans d’inéligibilité. Le parquet réclamait pourtant un an avec sursis, trois ans d’interdiction et la même inéligibilité. Une victoire partielle pour la défense, un constat net pour la justice : la sanction tombe sans barre de hors-jeu.
L’affaire tient son scénario des rapports et des écoutes comptables. En 2023, alors que le club venait d’entériner sa montée en National 1, Maarek aurait présenté à la DNCG des comptes inexacts pour valider cette promotion. France Bleu évoque des « transferts de fonds entre les caisses du club et plusieurs sociétés appartenant également à Charles Maarek » et des factures « anditatées » servant à « gonfler les recettes du club ». 76actu renchérit : des fausses factures auraient surévalué, voire inventé, des apports de sponsors. Le tribunal a retenu ces éléments au point d’accorder 10 000 euros au club au titre du préjudice moral, et d’entériner la condamnation. La FFF, qui s’était portée partie civile, obtient pour sa part… 1 euro symbolique de dommages et intérêts. La mesure symbolique a du chien.
La défense ne s’est pas laissée faire et annonce appel. Me Bovis, avocat de Maarek, a plaidé la naïveté professionnelle : selon lui, son client n’aurait fait que suivre les « mauvais conseils » de l’expert-comptable et du commissaire aux comptes de l’époque, et ces mêmes professionnels seraient à l’origine du signalement. Le conseil a également dénoncé une enquête « bâclée » et tenté une procédure en nullité, rejetée par le tribunal. Pour la palette dramatique, Me Bovis a rappelé que l’affaire a eu des conséquences personnelles : tags sur le commerce de l’épouse, menaces sur la maison, et la tristesse d’un homme se disant « victime d’une profonde injustice », formulation rapportée par France Bleu. Le tribunal, manifestement peu sensible à l’état d’âme comme argument juridique, a préféré les pièces et les flux bancaires aux plaidoiries émotionnelles.
On pourra conclure avec une ironie douce-amère : malgré cette tempête de factures et de procédures, le FC Rouen reste leader de National 1. Le club poursuit sa route sportive pendant que la route judiciaire suit son cours. Maarek a fait savoir qu’il allait faire appel. D’ici là, il demeure présumé innocent, et le dossier continuera d’alimenter la chronique judiciaire et les plateaux qui raffolent de ces mélanges de crampons et de bilans. Le football, parfois, n’a besoin ni de VAR ni de corner pour livrer son drame bureaucratique.