Julian Alaphilippe est passé comme un éclair… puis s’est volatilisé. Le champion français a bien tenté une offensive dimanche, mais il a vite renoncé. « Je ne vais pas faire 260 kilomètres comme ça », a-t-il lâché avant d’abandonner. Ce n’était pas un caprice de star fatiguée : quelques kilomètres plus loin, Louis Barré a lui aussi quitté la course prématurément. Résultat net, visible et sans fioritures : seulement trois Français à l’arrivée.
Les explications officielles ne brillent ni par l’originalité ni par la poésie. Pavel Sivakov, 15e à l’arrivée, a pointé du doigt un virus qui a rôdé dans le groupe avant la course. « Nous avons été un peu malchanceux ces derniers jours avec quelques petits virus dans l’équipe. Ça n’a vraiment pas aidé », a-t-il confié à Eurosport. Il a aussi admis son propre manque de jambes : « Je ne me sentais pas très bien. Je n’ai pas passé une bonne journée. J’espérais mieux, mais je n’avais pas les jambes. » Autant dire que, quand la maladie s’invite au peloton, les ambitions s’écroulent plus vite que la météo locale. À cela s’ajoutent l’altitude, la chaleur et l’humidité du Rwanda — conditions que Sivakov n’a pas ménagées : « Les conditions ici en Afrique sont vraiment difficiles. »
La chronologie des arrivées en dit plus que n’importe quelle argutie tactique. Les trois Français qui ont terminé — Paul Seixas, Pavel Sivakov et Valentin Paret-Peintre — étaient aussi ceux qui étaient arrivés le plus tôt sur place. Paul Seixas, notamment, était venu dix jours avant la course en ligne pour enchaîner avec le contre-la-montre en ligne. Son constat est limpide et sans détour : « Les deux premiers jours j’étais super bien, mais ensuite pendant trois, quatre jours, je me sentais vraiment moyen. Les chaleurs ont commencé à augmenter, donc ça peut avoir joué un peu. On sent qu’il y a un gros cycle d’acclimatation au bout de cinq, six jours où ça commence vraiment à changer. » En revanche, d’autres bleus débarqués mercredi — Alaphilippe, Valentin Madouas, Louis Barré, Julien Bernard et Jordan Jegat — n’ont jamais pesé sur la course et ont tous abandonné. Le hasard ? Plutôt la mauvaise coordination entre calendrier et acclimatation.
Le constat final n’est ni dramatique ni héroïque. Simplement pragmatique : arrivée précoce et acclimatation ont fait la différence. Virus, chaleur et altitude ont servi d’alibi collectif autant que de réalité tangible. Les têtes d’affiche parties mercredi n’ont pas eu le temps de transformer leur présence en performance. Reste la leçon, pas très glamour mais utile : préparer les Mondiaux, surtout au Rwanda, réclame un calendrier un peu moins improvisé et une attention médicale plus pointue. Les Français n’ont pas manqué de talent dimanche. Ils ont manqué de jambes, de jours et d’un peu de bol.