You’ll Never Walk Alone n’est pas seulement un chant à Anfield. Arne Slot l’a transformé en leçon de relations publiques, ou plutôt en rappel que parfois l’humanité biffe la case «logique commerciale». Dans un entretien à TNT Sports, l’entraîneur néerlandais a confirmé que Liverpool avait versé l’intégralité du contrat à l’épouse de Diogo Jota, Rute Cardoso, malgré le décès du joueur le 3 juillet. « Les propriétaires de clubs sont souvent critiqués, comme les entraîneurs, mais la manière dont ils ont géré la situation », a-t-il dit. Jota, 28 ans, avait encore deux saisons de contrat avec les Reds — jusqu’en 2027 — et le club a décidé de payer environ 15,5 millions d’euros à sa famille. Slot n’a pas oublié de glisser : « Peut-être que les gens pensent que c’est normal, mais ça ne l’est pas dans le football. »
La météo émotionnelle à Liverpool n’a pas besoin de prévisionniste. Slot, entraîneur titré dès sa première saison outre-Manche, a été saisi par la réaction collective. « Le deuil vécu par toute la ville, c’est justement pour moi ce qui fait que c’est si spécial de travailler pour ce club », a-t-il expliqué, évoquant les centaines de fleurs déposées au mémorial. Les supporters se souviennent à chaque déplacement, avec un hommage à la 20e minute en référence au numéro de maillot de Jota. « C’est incroyable ce que nos fans ont fait. Et nos joueurs aussi, la manière dont ils se sont comportés en marge des funérailles. » Rute Cardoso, discret face aux rumeurs et aux réseaux, était présente à Paris lors de la cérémonie du Ballon d’Or où un hommage a aussi été rendu en marge des festivités.
Garder le cap entre émotion et obligation, voilà le paradoxe que Slot résume sans pathos inutile. « Après il a fallu se réentraîner. Et il y a des moments où je me sens de la même manière que sa femme et ses enfants doivent se sentir désormais, parce que ça semble si dur mais nos vies continuent. » Puis : « Les gens attendent que je prépare les matchs. Et parfois c’est un peu difficile quand on sait combien c’est dur pour la famille, pour ses parents et avec les choses qu’ils doivent affronter pour le reste de leur vie. » Le constat est sobre : Liverpool a payé, les fans ont pleuré et déposé des fleurs, la veuve a reçu un geste financier conséquent et un hommage public. Reste l’évidence piquante que, dans le football moderne, ce qui devrait être banal devient article de une.