Rory McIlroy: 36 ans, idole américaine et champion du Masters, autrement dit l’homme qui transforme une partie de reconnaissance en séance de selfies. Mercredi, il évoluait avec Viktor Hovland, Matt Fitzpatrick et Robert McIntyre. Les faits sont simples et peu humbles pour ses coéquipiers : McIlroy a peut‑être signé plus d’autographes à l’entraînement que ses trois camarades réunis. Tommy Fleetwood le confirme en souriant — « il est le plus bruyant » — et McIntyre ajoute la version sanctifiée du culte : « Il est potentiellement le plus grand golfeur européen de tous les temps. » Ces phrases viennent de l’article, pas de mon imagination enthousiaste.
La carrière Ryder Cup de McIlroy ressemble à un best of émotionnel. Sept participations consécutives, 18 points inscrits, 34 sessions jouées sur 35 possibles. Il n’a pas toujours été l’icône consensuelle : en 2009, il qualifiait la Ryder Cup d’« exhibition », erreur qu’il a reconnue avant de plonger dans le bain au Celtic Manor en 2010. Depuis, les images s’empilent : l’oubli de fuseau horaire à Medinah en 2012, le duel incandescent avec Patrick Reed à Hazeltine en 2016 — main derrière l’oreille après un putt de 18 m —, les larmes à la télévision après 2021 (bilan personnel 1 victoire, 3 défaites) et la revanche collective en 2023 à Rome, où il a marqué 4 points sur 5. On retient aussi la colère à Rome quand Joe LaCava a sauté et agité sa casquette en pleine routine de McIlroy, et la scène virale où Shane Lowry l’attrape sur le parking pour le contraindre à monter dans une voiture. Tout cela est dans le dossier de l’article, sans exagération.
Sur le plan tactique, Luke Donald n’invente rien d’autre que la bonne vieille règle du feu d’artifice initial. Il reconduit la paire Rahm‑Hatton d’entrée, comme à Rome. Fleetwood confirme que Donald a fait travailler l’équipe sur l’importance d’un départ rapide — et les chiffres donnent du poids à cette manie du lancement fracassant : depuis 1979 et le format à 28 points, quatre équipes européennes ont réussi à gagner à l’extérieur, et celui qui remporte la première session, voire le premier match, soulève le trophée dans 79 % des cas. La leçon est simple et l’argument utilisé sans scrupule : en 2023, un clean‑sheet vendredi matin (4‑0) a pratiquement scellé l’affaire. McIlroy, fidèle à son sens de la grandiloquence appliquée, estime que « cette équipe restera dans les annales comme l’une des meilleures de l’histoire de la Ryder Cup ». Il ajoute aussi, sans modestie apparente, que « l’une des plus grandes réussites dans le golf est de remporter une Ryder Cup à l’extérieur, ce que nous allons faire à Bethpage. » Phrase rapportée telle quelle dans l’article.
Le décor est posé : McIlroy est la figure de proue, aimé du public, suivi par une stratégie d’ouverture claire et par des statistiques qui sourient aux audacieux. Reste à voir si le vacarme et les autographes suffiront à transformer une charmante séance d’entraînement en triomphe loin de chez soi. Pour l’instant, on garde du spectacle, des anecdotes et des chiffres. La confidence finale de McIlroy sur Bethpage sonne comme une promesse polie ; l’histoire, cependant, préfère les preuves tangibles. Les faits parlent, la fanfare applaudit, et la Ryder Cup attend le verdict.