Valentin Royer, 24 ans et classé 88e, a mis fin à sa tournée des qualifications en rejoignant sa première finale ATP à Hangzhou. Deux jours après avoir éliminé pour la première fois un joueur du top 20 — Andrey Rublev (14e) — le droitier a plié Corentin Moutet 6-3, 6-2, une première confrontation entre compatriotes qui n’a pas traîné. Issu des qualifications, il enchaîne une sixième victoire consécutive et s’offre, sans cérémonie, un record personnel dans le prochain classement ATP. « Je pense qu’aujourd’hui (samedi, NDLR), j’ai dû jouer presque le meilleur tennis de ma vie », a-t-il lâché après son exploit face à Rublev, puis a nuancé avec ce trait d’autocritique savoureux : « Je n’ai pas mis que des coups gagnants sur les lignes avec les yeux fermés! »
La carte postale nationale est assez claire. Royer devient le sixième Français à disputer une finale ATP en 2025, derrière Alexandre Müller (vainqueur à Hong Kong et finaliste à Rio de Janeiro), Gaël Monfils (vainqueur à Auckland), Ugo Humbert (vainqueur à Marseille), Corentin Moutet (finaliste à Majorque) et Arthur Cazaux (finaliste à Kitzbühel). À l’exception de Müller — dont la finale à Rio était un ATP 500 — la plupart des rendez-vous pour le titre ont eu lieu dans des ATP 250. Le constat n’est pas une critique mais un fait : la présence tricolore en phase de décision est réelle, parfois dans des tournois où les points et la visibilité pèsent moins lourd. Royer, lui, a gravi des tours en partant des qualifs et montre que la mécanique peut fonctionner quand on enchaîne.
Mardi, il attendra le vainqueur de la demi-finale opposant Alexander Bublik (19e) au natif de Hangzhou Wu Yibing (196e), invité par les organisateurs et auteur d’un coup d’éclat en écartant Daniil Medvedev en quarts. Le menu est donc simple : Bublik ou le tombeur d’un ex-N.1 mondial. Royer l’aborde avec la sincérité d’un bosseur qui refuse les raccourcis. « C’est tout le travail accumulé, c’est une addition de choses », a-t-il expliqué, citant heures de service, de retours, de déplacements et de travail mental, affirmant que, mises bout à bout, « aujourd’hui ça a payé. Ca prouve qu’il n’y a pas de mystère, il n’y a que le travail qui paie. » Rythme, répétition, humilité : la recette est ancienne, efficace et sans glamour — mais visiblement payante pour l’instant.
Conclusion sans scène finale clinquante : Royer semble avoir franchi un palier en 2025. Le jeune Français entre en finale avec le statut de révélateur plutôt que celui de favori. Le match de mardi dira si ce palier n’était qu’une marche ou le début d’un ascenseur. Entre-temps, la France continue d’aligner des noms en finale, souvent dans les mêmes catégories de tournoi, et Royer ajoute sa cartouche à une année qui ressemble de plus en plus à une succession de preuves par le boulot. Le spectacle, pour l’instant, se résume à ça : du travail, des victoires, et un rendez-vous à tenir.