Le scénario sentait la récup’ bien huilée : Marc Marquez, 32 ans, monte sur la deuxième marche à Motegi et, hop, voilà son septième titre en MotoGP. Sobre, presque ennuyeux tant la mécanique mathématique était simple. Francesco Bagnaia gagne la course, Marquez finit juste derrière et célèbre six ans après son dernier sacre. Le Catalan pleure à l’arrivée. Il parle peu : « C’est impossible de parler », confie-t-il au diffuseur, avant d’ajouter qu’il est « aujourd’hui en paix » et qu’il a « fait des grosses erreurs » mais qu’il s’est battu. Touchant, surtout pour qui a suivi ses saisons de galère.
Sur le bitume, l’histoire fut prosaïque et sans suspense inutile. Bagnaia remporte la course, marquant un retour de forme après des semaines compliquées, notamment à Misano. Son équipe a réinstallé la fourche et le bras oscillant de la version 2024 — petit bricolage technique, grand effet psychologique. Mir complète le podium, et toute l’ironie est là : Joan Mir, champion 2020, signe son premier podium depuis presque quatre ans et le fait au guidon d’une Honda, l’ancienne monture de Marquez, sur le sol du constructeur japonais. L’anecdote plaira aux collectionneurs de symboles. Alex Marquez, seul rival encore théoriquement capable d’empêcher le sacre, termine sixième. La conséquence chiffrée ? Marquez compte désormais 201 points d’avance sur son cadet, alors qu’il reste cinq manches et 185 points à distribuer. Autant dire qu’on a pris la poussière du suspense.
Le tableau se contente d’aligner records et références. Avec sept titres en catégorie reine, Marquez rejoint Valentino Rossi au panthéon des septuples. Au total, il affiche neuf couronnes mondiales — 125 cm3 en 2010, Moto2 en 2012 — et se rapproche de Giacomo Agostini, huit fois sacré. Les chiffres parlent sans emphase : première balle de match transformée, et le championnat rendu officiel malgré cinq épreuves encore au calendrier (Indonésie, Australie, Malaisie, Portugal, Valence). Côté tricolore, Fabio Quartararo termine huitième après avoir signé une quatrième place sur la grille ; Johann Zarco suit en neuvième position. Rien qui n’alimente un feuilleton brûlant, mais suffisamment pour que l’on parle encore une fois d’un come-back magistral.
Le final laisse un goût de déjà-vu et d’admiration bue de travers. Marquez a récupéré son trône en jouant la stratégie la plus basique : être assez rapide et patient pour que les autres se défaussent. Le reste, larmes comprises, ajoute la touche humaine vendable à l’album souvenir. On prendra la photo, on comptera les titres et on attendra la prochaine page. En attendant, Bagnaia savoure sa victoire, Mir retrouve le podium, et la course au record d’Agostini reste l’unique épine encore plantée dans la chaussure du Catalan.