La vidéo qui a enflammé les réseaux samedi dernier ? Une silhouette dans le vestiaire des Verts après la victoire contre Reims (3-2, 20 septembre) qui a fait croire à un retour surprise. Coup de théâtre : ce leurre n’était pas Pierre Ekwah. Le milieu, titulaire la saison passée (31 matches, 1 but), n’a pas remis les pieds à Saint-Étienne. Officiellement, il est en arrêt maladie. Officieusement, il a lancé un bras de fer juridique avec le club au sujet de la levée de son option d’achat.
La chronologie tient dans quelques lignes, mais la complication est belle. L’option avait été glissée lors de son prêt par Sunderland le 30 août 2024. Les deux parties s’étaient dit qu’elles parleraient de son activation en fin de saison. L’entourage du joueur ne paraissait pas opposé à une prolongation dans le Forez. Sauf que le promu stéphanois a fait l’ascenseur et qu’aucune clause n’a prévu que l’option deviendrait caduque en cas de retour en Ligue 2. Ekwah refuse formellement d’évoluer à ce niveau. Saint‑Étienne, persuadé du potentiel et de la valeur marchande du joueur, a tout de même décidé de lever l’option. Le club n’a pas inventé les précédents : en août 2023, Niels Nkounkou avait été acheté 2 M€ à Everton puis revendu 7,5 M€ à l’Eintracht Francfort trois mois plus tard, au dernier jour du mercato. Malgré plusieurs offres pour Ekwah, aucun départ n’a eu lieu lors du dernier mercato. Bilan ? Une situation bloquée et des dirigeants qui ne cèdent pas.
Vendredi, l’entourage a laissé filtrer que le joueur avait rompu unilatéralement son contrat « pour juste cause » le 1er septembre. Ce timing a son importance : si la rupture est antérieure à la fermeture du mercato, son avocat soutient qu’il est libre de s’engager où bon lui semble. D’après le même camp, des discussions auraient été ouvertes avec des clubs en Angleterre, en Belgique et en Italie. Le conseil de l’intéressé compte s’appuyer sur l’arrêt Lassana Diarra du 4 octobre 2024 rendu par la Cour de justice de l’Union européenne. Cet arrêt a reconnu que certaines règles de transfert de la FIFA pouvaient être contraires au droit européen, et a donné un précédent jugé utile par l’avocat.
Le dossier n’a pas fini de gratouiller les nerfs. Les faits sont posés : option levée, joueur absent, rupture annoncée et recours juridiques en préparation. Le terrain s’éloigne ; le prétoire approche. Les deux camps disposent désormais de leur version officielle et de leur stratégie médiatique. Reste à voir si la jurisprudence Diarra suffira à boucler ce chapitre ou si l’affaire prendra des airs de long débat administratif. En attendant, la silhouette virale restera un bon gag pour les réseaux et un symptôme de plus d’un conflit qui commence à sentir le procès à plein nez.