Ironie du calendrier : après avoir rempli les gradins et applaudi un 2-0 sur le terrain, l’Afrique du Sud se retrouve à devoir expliquer comment on transforme une victoire en défaite sans que personne n’ait touché au ballon. La FIFA a tranché : alignement d’un joueur suspendu, match perdu 0-3 sur tapis vert. Le fautif nommé dans le communiqué publié lundi ? Teboho Mokoena, aligné contre le Lesotho en mars alors qu’il purgeait une suspension de deux cartons jaunes cumulés lors des deux rencontres précédentes. Hugo Broos, son sélectionneur belge, doit savourer l’ironie d’un titre de gloire désormais entaché par un courrier administratif.
Le chiffre fait tiquer : 10 000 francs suisses d’amende, soit environ 10 680 euros, pour l’exploit d’avoir négligé une règle simple. Sur la pelouse, tout semblait propre : 2-0 pour les Bafana Bafana devant leur public. Au classement officiel, la réalité administrative remplace la performance physique et transforme ce succès en défaite lourde, 0-3. La Fédération sud-africaine a encore la possibilité d’interjeter appel auprès de la commission des recours. Pour l’heure, rien n’est confirmé côté fédération. Le message est limpide : une erreur de paperasserie peut coûter bigrement cher dans une course où la moindre différence de buts pèse comme une montagne.
Conséquence pratique et cruelle : le Bénin de Steve Mounié se retrouve devant l’Afrique du Sud à la différence de buts (+4 contre +3). Simple et brutal. Les Sud-Africains doivent désormais non seulement gagner, mais gagner gros lors des deux dernières journées contre le Zimbabwe et le Rwanda. Parallèlement, il faudra que le Bénin tremble face au Rwanda et au Nigeria, ou au moins n’obtienne pas des victoires aussi larges. La situation du groupe C se résume en peu de mots : mathématiques et improbabilités. Malgré l’extension de la Coupe du monde 2026 à 48 équipes, les règles de la zone Afrique restent inchangées et impitoyables : seuls les premiers des neuf groupes se qualifient directement, les deux meilleurs deuxièmes passeront par un mini-tournoi de barrage. Aucun répit administratif n’est prévu pour ceux qui comptent encore sur un geste de clémence sportive.
Le lot de consolation, si on veut l’appeler ainsi, sent le formalisme : communiqué officiel, sanction financière, possibilité d’appel. Pas de buts rendus, pas de replay. Reste l’image : des supporters qui ont fêté un 2-0 désormais converti en un 0-3 dans les tableurs et les têtes. Seuls les chiffres importent, parfois au détriment du spectacle. La FIFA a répondu, la Fédé sud-africaine peut répliquer. Entre-temps, les Bafana Bafana doivent jouer comme si chaque but pesait double — parce que désormais, aux yeux du règlement, il en va ainsi.