On aurait pu la ranger dans la rubrique « hasard malheureux » mais la répétition insiste. Après Iga Swiatek, c’est Frederico Ferreira Silva qui récolte une suspension d’un mois pour trimétazidine, substance classée modulateur métabolique. Même sanction, même logique de l’ITIA : ingestion involontaire via un médicament contaminé. L’histoire sent la routine règlementaire — et la pilule achetée dans un coin du monde devient, par magie bureaucratique, une affaire internationale.
Frederico Ferreira Silva a 30 ans et pointe actuellement au 234e rang mondial. Le contrôle positif date de février 2025, en marge d’un tournoi ITF. Le Portugais avait disputé plusieurs épreuves ce mois-là, dont Villa Real de Santo Antonio 1 (qu’il avait d’ailleurs remporté), Villa Real de Santo Antonio 2 et le tournoi de Faro. L’ITIA a conclu que la trimétazidine provenait d’un médicament prescrit et qu’il n’y avait pas d’intention de performance dopante. Reste un détail administratif lourd : « La clause d’absence de faute ou de négligence n’étant pas applicable, car un avis de rappel avait déjà été émis par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) en raison d’une contamination connue au TMZ d’un autre produit de la même marque. Par conséquent, et conformément à d’autres cas similaires de contamination de médicaments relevant du Code mondial antidopage, l’ITIA a proposé à Silva une suspension d’un mois, que le joueur a acceptée le 15 septembre 2025. » La sanction a été purgée en pratique pendant la durée des investigations et des contrôles, ce qui permet à Silva de reprendre la compétition sans attendre une peine effective longue.
Le retour sur le circuit n’a pas eu le goût d’un triomphe. Habitué des ITF et Challenger et absent du tableau ATP depuis mars 2024 (il s’était arrêté dès ses qualifications à Estoril, battu par Lucas Pouille), Silva a perdu au 2e tour du Challenger de Lisbonne cette semaine. Trois semaines plus tôt, il avait également quitté prématurément le tournoi de Séville dès le 2e tour. Le dossier rappelle la jurisprudence Swiatek : même si la contamination est reconnue, la présence d’un avis de rappel ou d’indices de contamination antérieure empêche l’application de l’absence de faute absolue. Le résultat ? Une sanction courte mais publique, une main courante dans la grande machine antidopage, et le joueur sommé de reprendre aussitôt la route des tournois.
Fatiguant pour le joueur, utile pour la doctrine. La répétition des cas autour de la trimétazidine commence à dessiner un canevas juridique clair et prévisible. Les athlètes se retrouvent donc à batailler sur des subtilités de loterie pharmaceutique : médicaments en vente libre selon les pays, rappels, contamination croisée. Les instances offrent des sanctions modulées, mais la tache médiatique reste. Silence n’est plus une option, prudence devient indispensable. On se console en se disant que la justice sportive sait parfois être conciliatrice — et parfois, malheureusement, seulement assez visible pour servir d’exemple.