Il faut croire que l’ennui n’a pas encore pris le Parc des Princes. Luis Enrique a de nouveau sorti son manuel du risque calculé mercredi, en envoyant Senny Mayulu (19 ans) en pointe, Ibrahim Mbaye (17 ans) à droite pour sa première titularisation en Ligue des champions et Quentin Ndjantou (18 ans) en fin de match. L’audace a été factuelle, pas décorative : Mayulu a égalisé à la 38e minute à Montjuïc, Mbaye a été le relais essential de Nuno Mendes sur l’action, et Ndjantou a remplacé Bradley Barcola à la 80e minute pour une entrée pleine de culot. Aucun de ces choix n’était anecdotique. Tous ont produit du concret sur la pelouse du FC Barcelone.
Le dossier Mayulu tient presque de la collection de trophées pour jeunes prodiges déjà rodés : but lors d’une finale de Ligue des champions remportée face à l’Inter (5-0, le 31 mai, à Munich), but contre l’Atlético de Madrid en Coupe du monde des clubs (4-0, le 15 juin, à Pasadena) et maintenant l’égalisation à Barcelone. Trois buts lors de ses quatre dernières rencontres de C1, selon le récit, et une petite curiosité technique — droitier de base, il a marqué cinq de ses huit derniers buts du pied gauche. Nuno Mendes lui a offert le travail ; Mayulu a converti le cadeau. Le procédé ressemble à du talent, poussé par un peu d’audace tactique.
Ibrahim Mbaye n’a pas volé sa première titularisation en C1 : sa 21e apparition sous le maillot parisien a été décrite comme sa meilleure prestation, faisant la jonction parfaite avec Mendes et en empoisonnant la défense barcelonaise en seconde période. Les mots « peut finir de le libérer » n’ont pas été choisis au hasard : encore timide auparavant, il a trouvé au stade olympique de Montjuïc une scène qui pourrait accélérer sa progression. Quentin Ndjantou, pour sa part, était presque une pièce de collection récente : néo-professionnel, seulement une apparition professionnelle avant le match (le samedi au Parc contre Auxerre, 2-0) et, selon le compte rendu, 28 minutes dans les jambes ; il remplace Barcola et signe une entrée pleine de promesses. Luis Enrique ne cache pas sa foi dans la jeunesse. Il parle beaucoup, transmet, et réclame que les joueurs restent fidèles à leur style, même lorsqu’on change leur poste.
La strate tactique mérite d’être soulignée sans lyrisme inutile : l’entraîneur mise sur la confiance et la répétition, pas sur les effets d’annonce. « C’est une fierté de voir autant de Titis dans ce genre de match », a dit Mayulu à Canal+ après la rencontre — phrase aimablement collée ici pour rappeler que la confiance se partage. Le bilan immédiat est simple et net : trois décisions risquées, trois retours utiles. Reste la perspective plus terre-à-terre : on mesurera l’impact réel de ces choix au long cours. Pour l’heure, Luis Enrique accumule des preuves de bon sens et des sourires sur le banc. On reparlera du jugement quand il décidera de quitter le bateau ou quand l’addition deviendra moins agréable.