Il y a des annonces destinées à rassurer, et il y a celles qui font frissonner les organisateurs. Donald Trump a choisi la deuxième catégorie. Lors d’un point presse dans le Bureau ovale, dans la nuit de jeudi à vendredi, il a évoqué la possibilité de « déplacer (le match) dans une autre ville » si une métropole américaine accueillant la Coupe du monde 2026 lui semblait « dangereuse ». La compétition, rappelons-le, sera co-organisée par les États-Unis, le Mexique et le Canada, et le tirage au sort est programmé le 5 décembre à Washington. Seattle et San Francisco, deux villes citées nommément, sont concernées: six matches prévus au Lumen Field et six au Levi’s Stadium.
Le président n’a pas saupoudré sa déclaration d’euphémismes. « Ces villes sont dirigées par des extrémistes de gauche qui ne savent pas ce qu’ils font », a-t-il affirmé, avant d’assurer « Nous allons nous assurer que ces matches puissent se dérouler dans des conditions sûres ». Il a étendu sa pensée aux Jeux Olympiques 2028 à Los Angeles, évoquant des déplacements de la Garde nationale après Washington, puis à Memphis, « d’autres villes », et bientôt Chicago. Parlant d’organisation, il a aussi lâché: « Nous allons légèrement modifier les dates. Mais j’espère que tout se passera bien et que nous n’aurons pas à déplacer des matches. » Les faits restent simples et nets: menaces publiques de relocalisation, localisation précise des rencontres à Seattle et San Francisco, et une référence explicite à des modifications calendaires possibles.
On pourrait sourire, si l’on n’était pas payé pour noter les conséquences pratiques. Des matches annoncés à Lumen Field et au Levi’s Stadium font déjà partie d’un calendrier continental; bouger des rencontres soulèverait questions logistiques, billetterie, sécurité et coordination internationale — rien de tout cela n’a été détaillé par le locuteur. Le calendrier du tirage au sort du 5 décembre à Washington reste, lui, inchangé dans ses annonces publiques. En revanche, la répétition claire du même argument — menace, appui de la Garde nationale, et ouverture à décaler des dates — donne du relief à l’idée que la sécurité, au sens politique, est désormais maniée comme un levier de décision opérationnelle. C’est factuel. C’est dit. Et c’est tout ce que l’on peut relayer sans supposer la suite.
Reste la dernière ligne, celle qui visera à apaiser: « J’espère que tout se passera bien et que nous n’aurons pas à déplacer des matches. » Formule de circonstance, peut-être. Elle n’en change pas les faits exposés: déclaration publique, villes nommées, six rencontres par site cité. Les yeux se tournent maintenant vers les organisateurs et les fédérations concernées, ainsi que vers le tirage au sort du 5 décembre à Washington. Les enjeux sportifs sont consignés; les modalités politiques, elles, viennent de franchir la pelouse.