Ils se présentent comme des passionnés du bitume savoyard et ils ont le sens du timing. Émeric Ducruet et Michaël Amand ont lancé Ma Petite Entreprise, une équipe féminine ProTeam, avec la discrétion d’un mégaphone. Sponsor Factor, maillot révélé, huit personnes dans l’équipe opérationnelle et, surtout, une campagne de collecte ciblée auprès des TPE et PME lancée le 13 septembre. « Ça va dans le bon sens, salue Michaël Amand. Dès qu’on a les gens en ligne, à part de rares exceptions, ils transforment leur promesse en don. On est rassuré, c’était un point clé du projet. » Rassurant, certes. Et coûteux : le budget visé est de 1,5 M€.
Le financement a été empilé en trois couches visibles. Presque 50 % du budget est attendu via les dons d’entreprises de petite taille, répartis en paliers de 750 €, 1 500 €, 5 000 € et 15 000 €. À ce jour, environ 250 000 € auraient été collectés et une garantie bancaire de 150 000 € a été apportée à l’UCI. La seconde moitié du budget repose sur des apports matériels et des partenaires « prestige » démarrant à 50 000 €, avec des tickets pouvant grimper à 300 000 € — mais pas plus de 20 % du total, promet l’équipe, pour ne pas devenir dépendante d’un seul mécène. Vincent Lavenu a donné un coup d’accélérateur en janvier et son passage sur le plateau de Vélo Club pendant le Tour a été qualifié de « le moment le plus impactant de l’année ». Les particuliers ne sont pas oubliés : ils peuvent devenir « supporter » pour 120 € ou 360 € par an via le site officiel.
Sportivement, les ambitions sont nettes et circonscrites. Une seule équipe féminine au niveau ProTeam (Deuxième Division) démarrera, avec un effectif de 12 coureuses présenté en octobre. Les premières échéances inscrites au calendrier : un stage entre mi-novembre et fin novembre, puis les premières courses en Espagne début février. L’ensemble du groupe sera majoritairement français, hormis une coureuse « étrangère mais formée en France ». Côté encadrement, Damien Baucheron prendra le rôle de directeur sportif, secondé par trois salariés permanents (mécanicien, entraîneur et assistant de course) et des vacataires pour l’aspect médical. Les contrats seront professionnels, respectant la réglementation ProTeam, avec pour 2026 un salaire minimum de 22 000 € brut par an ou 18 392 € pour une néoprofessionnelle, pour des contrats de deux ans. Date butoir : l’équipe doit être enregistrée auprès de l’UCI le 15 octobre après apport de garanties couvrant 60 à 75 % du budget.
Le discours sonne sérieux et calibré. Les fondateurs répètent que le modèle est « dur à construire mais incassable derrière parce qu’on n’est dépendant de personne. On a un gros collectif où chacun met des montants adaptés à son budget. » Formule respectable. Reste que la réussite dépend d’une chaîne de petites promesses, de quelques gros partenaires potentiels et d’une échéance administrative qui ne pardonne pas. Le nom restera Ma Petite Entreprise, visible sur le maillot. À suivre : quelles promesses se transformeront vraiment en chèques, et si la Petite Entreprise saura transformer son bouquet d’engagements en peloton capable de tenir un rythme de ProTeam.